Elle était une petite fille de quelques mois, la première a monter à bord du Ghibli, l'après-midi du 28 Novembre 2008 à Lampedusa. "Elle était protégée par une couverture. Quand je l'ai vue, je lui faisait des grimaces. Elle riait." Elle avait passé trois jours en mer, comme sa mère, et les autres 350 passagers, entassés sur un vieux bateau en bois de dix mètres, bloqués dans la mer en tempête, à 10 miles au sud-est de l'île. Le capitaine Pietro Russo ne va pas oublier facilement son visage. Il avait été le commandant des Garde Côtes a lui demander d'intervenir: leur bateaux n'étaient pas assez grand pour défier ces vagues et il n'y avait pas de navires de la Marine militaire dans la zone. Seulement les grands bateaux de pêche de 35 mètres de Mazara pouvaient intervenir. Quand Russo entenda qu'à bord il y avaient des femmes et des enfants, il ne put pas se tourner de l'autre coté. Et il prise le risque. De la même façons qu'il avait fait, la nuit auparavant, le commandant du Twenty Two, Salvatore Cancemi, qui n'hésita pas à sortir en mer force 7 pour sauver 300 personne en danger.
Les informations donnaient l'embarcation à 15 miles à l'ouest de l'île, près du rocher de Lampione. Cinq embarcations de la flotte de Mazara partirent la chercher, en dépit des conditions maritime. "Il y avait de vagues de huit mètres de hauteur et des rafales de vent à 70 km par heur" – il raconte Cancemi. "La mer était trop agitée pour un abordage - dit-il -, mais aussi pour les remorquer, le câble pouvait se rompre. Il y avait trop de vagues. Nous avons donc décidé de les escorter. On naviguait à leur côté, en faisant mur contre le vent." Ils cherchèrent refuge sous les rocher de la Cozzo Ponente. Il mouillèrent l'ancre juste à quelque mètres de la côte, en plein nuit. Et puis, petit à petit, transbordèrent tous les passagers. Cela fut le moment le plus difficile, dit le pêcheur. Un faux pas et le bateau allait immédiatement se renverser dans l'eau. Et il n'aurait pas été la première fois.
Nicola Asaro, classe 1953, est le capitaine du Monastir. La nuit du 17 Juillet 2007 ils étaient en train de pêcher des crevettes rouges au large des côtes libyennes, quand ils furent approché par une petite embarcation avec 26 personnes à bord. "Ils étaient sans carburant. Ils voulaient de l'essence, mais nous utilisons le gasoil, nous ne pouvions pas les aider." En tout cas Asaro ordonna d'abaisser une échelle et de les laisser monter. La mer était plate. Il fut un moment. Quelqu'un se leva par derrière, et commença à pousser les autres. Dans un instant le bateau chavira. "Nous lancêmes immédiatement dans la mer des gilets de sauvetage et des cordes. Ils ne savaient pas nager. Ils se tiraient l'un l'autre au dessous de l'eau." Finalement les marins de Asaro en sauvèrent 14 et récupérèrent un mort. "Les autres 11, je les ai vus couler avec mes propres yeux."
La même chose s'est passé encore, il y a quelques mois, en Juin 2008, au capitaine de l'Ariete, Gaspare Marrone. Ils étaient en train de remorquer une cage de thons. Le bateau, avec 30 personnes à bord, chavira à deux mètres de l'Ariete, pendant les secours. Les membre de l'équipage réussirent à récupérer 22 personnes de la mer et les cinq qui s'étaient accrochés à la cage. Mais trois personnes, dont une femme, disparâissèrent entre les vagues. Un an plus tôt, en septembre 2007, Marrone avait sauvé 10 hommes en haute mer, accrochés à la quille d'un zodiac coulé, un tube de 20 cm de largeur et 4 mètres de longueur. Ils étaient là depuis plus de deux heures, nu. Les 30 autres passagers étaient tous noyés. "Depuis loin ils me semblaient des bouées, quand j'ai compris qu'ils étaient des hommes, je ne voulait pas croire à mes yeux. Nous lui lancémes des ceinture de sauvetage. Un des marins sauta en mer pour les aider, ils n'avaient plus de force ".
Et il n'avait plus de force même le jeune mauritanien trouvé tout seul en haute mer, à 70 miles de Lampedusa, par le bateau de pêche Ofelia, le 23 août 2007. "C'était l'aube - dit le capitaine Antonio Cittadino -. Je l'ai vu par hasard, par la fenêtre de la cabine. Au début, je me suis dit que c'était un bidon. Ensuite, j'ai vu quelque chose bouger. Il avait soulevé la main. Il était un homme." Il était le seul survivant d'un naufrage couté la vie a 47 personnes. Depuis 48 heures il restait assis sur trois planches de bois de la coque du bateau coulé. "Des que nous l'avons tiré à bord de poids, il s'est effondré sur le sol. Il ne parlait pas. La peau était devenu blanche à cause de l'eau salée. Quand il s'est repris, le lendemain, il m'appelait l'ami de Dieu. "
Russo, Asaro, Cancemi, Marrone, Cittadino et tous les autres capitaines courageux font honneur à l'Italie. Pour reconnaitre leur engagement, l'Haut Commissariat de Nations Unies pour le Réfugiés a institué en 2007 le prix «Per Mare». Un prix qui réaffirme publiquement la valeur des sauvetages en mer, alors que dans le tribunaux la solidarité semble être devenu un crime.
C'est le cas du capitaine Zenzeri et de six marins tunisiens. Depuis deux ans ils sont sous procès à Agrigento, en Sicile. Quand il vit les deux enfants et la femme enceinte parmi les 44 passagers du zodiac a moitié coulé, il n'hésita un instant pour le secourir. C'était le 8 août 2007. Aujourd'hui le ministère public demande deux ans et demi d'emprisonnement pour les sept marins plus une amende de 440.000 euros. L'accusation est d'aide à l'immigration clandestine. Le jugement est attendu pour le 4 Mai 2009. Lorsque j'ai rencontré Zenzeri en Tunisie, il me disait que s'il pouvait revenir en arrière, il fairait le même. C'est la loi de la mer. La solidarité n'est jamais un crime. Il en est convaincu. Et ils en sont convaincus les avocats de la défense - Leonardo Marino et Giacomo La Russa - qui en cas de condamnation, promettent bataille, jusqu'à la Cour européenne.