Des Tunisiens illégalement emprisonnés dans les Cie flottants au port de Palerme, photos de Danila D'Amico
Le Procureur de Palerme a ouvert une enquête sur les Cie flottants, les deux paquebots qui stationnent dans le port de Palerme avec environ trois cents Tunisiens à bord, détenus illégalement depuis des semaines. La décision du procureur Leonardo Agueci, qui coordonne l'enquête, et arrivée après qu’une pétition avait été présentée ce matin par des membres du mouvement antiraciste de Palerme. Parmi les signataires de la pétition il y a le professeur Fulvio Vassallo Paleologo (juriste et membre de l'Asgi), Judith Gleitze (de l’association Borderline Sicilia, qui ces derniers mois a constamment surveillé la situation à Lampedusa), puis Pietro Milazzo (sindicat CGIL Sicile) et Anna Bucca (Arci). Dans la plainte on fait remarquer que les prisonniers tunisiens enfermés dans les navires dans le port de Palerme sont illégalement privés de leur liberté personnelle, sans droit à la défense et sans la validation d'un juge. On demande des explications à propos de la présence à bord de six mineurs et d’une femme enceinte, comme rapporté hier par Alessandra Siragusa, parlementaire du parti démocratique, et par Pino Apprendi, membre régional du parti démocratique, après avoir visité le Cie flottant en marge de la manifestation des mouvements anti-racistes au port de Palerme. Voici un extrait de la dénonciation dans laquelle on demande aussi des explications à propos des violences qui ont eu lieu à Lampedusa contre un militant canadien et contre un prisonnier tunisien, toujours dans le coma à l'hôpital de Palerme.
Extrait du blâme présenté au procureur de Palerme sur les violations commises contre les détenus tunisiens dans le Cie flottant
"On demande que le Bureau du Procureur vérifie les faits présentés et détermine si des infractions ont eu lieu; en particulier, si les ressortissants étrangers détenus à bord des trois navires, AUDACIA, MOBY FANTASY et MOBY VINCENT se trouvent dans une condition illégale de restriction de leur liberté personnelle et si les conditions existent pour l’hypothèse de délit de violence privée ; si à leur égard des mesures administratives ont été adoptées et notifiées pour justifier une telle privation de liberté personnelle par la police et si ces mesures restrictives ont été rapidement soumises à un contrôle judiciaire en vertu des conditions imposées par la législation nationale et européennes ; si, le cas échéant, en relation avec les dates des mesures décrites, avec une attention particulière aux dates d'émission et de notification de celles-ci, les infractions conformément à l'art 476 du Code pénal, de mensonge matériel commis dans les actes publics a eu lieu ; s'il y a des cas de crimes à l'égard de la conduite réalisée en opposition ouverte au droit de défense, clairement limité lorsqu'il n'est pas totalement nié; s'il existe un type d'infraction pour la détention illégale de mineurs dont on ignore s’ils sont accompagnés ou non, s’il y a des infractions pour les coups reçus par le citoyen étranger Naji Hsen toujours en convalescence à l'hôpital de Palerme et par le travailleur humanitaire Alexander Georges par un inconnu sur l'île de Lampedusa, après l'incendie dans la structure de la Contrada Imbriacola."
(Sur la page facebook du juriste Vassallo Paleologo vous pouvez "télécharger le texte intégral du blâme) et l'adapter à des situations similaires de détention illégale dans d'autres parties d'Italie.
En attendant, le ministre de l'Intérieur, Roberto Maroni, qui, ce matin, a parlé à la commission parlementaire pour l’enfance, a déclaré que Lampedusa est « un port dangereux». Cela signifie que jusqu'à nouvel ordre les naufragés qui seront secourus en mer seront débarqués dans d’autres ports, probablement à Porto Empedocle, dans la province d'Agrigente, toujours en Sicile, comme cela s'est produit la semaine dernière, le jour après les violences contre les Tunisiens. Maroni a également fourni des détails sur le nouvel accord avec la Tunisie, qui comprend 10 vols hebdomadaires pour 50 passagers chacun, par rapport aux deux vols hebdomadaires de 30 sièges chacun prévus par l’accord du mois d'avril. Mais le 23 octobre en Tunisie on vote pour l'Assemblée constituante et il faudra voir si le nouveau gouvernement confirmera l'accord.
Ce qui est certain est que la tête de l'entreprise de transport Moby a indiqué que le ministère de l'Intérieur a payé la location des navires qui actuellement sont utilisés comme des Cie flottants jusqu'au 31 décembre. Et comme dans les Cie les émeutes et les évasions se produisent avec une fréquence sans précédent, il est probable que celui de Palerme est seulement une expérience dont bientôt nous verrons les répliques. Même pour cela, il est important que les tribunaux s’expriment.
traduit par Veronic Algeri