02 January 2007

Décembre 2006

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114 morts aux frontières, dont 108 entre le Sénégal et les îles Canaries, 1 à Malte et 3 en Turquie. En Italie 2 jeunes asphyxiées dans un camion où ils étaient cachés sur un bac dirigé à Ancona. Depuis 1988 au moins 5.856 migrants morts en essayant d'entrer illégalement dans les Pays européens

ROME - Le dernier mois du 2006 ne donne que des larmes aux familles d’au moins 114 jeunes partis pour l'Europe et noyés avec leur espoir illégale. Tantes de personnes - selon Fortress Europe – seraient mortes le long des frontières de l’Union en décembre. Naviguant du Sénégal vers les îles Canaries 108 migrants ont perdus leur vie, une victime à Malte et 3 autres en Turquie, alors que 2 hommes ont morts asphyxiés sur un camion en lequel ils voyageaient cachés sur un bac naviguant vers l’Italie. Quatre autres migrants sont morts dans 3 centres de détention de migrants en Italie, France et Russie. Selon notre revue de presse depuis 1988 les victimes de l’immigration clandestin seraient au moins 5.856, dont 1.949 portées disparues en mer.

Cent huit fantômes. 17 Décembre. Plage de Yoff, près de Dakar, Sénégal. 25 fantômes sortent de la nuit de la mer à bord d’une pirogue. Ils sont les seuls survivants parmi 127 aventuriers partis deux semaines auparavant depuis la Casamance, frontière Sénégal-Guinée Bissau, et dirigés aux îles Canaries. Une route plus longe mais plus sûre, à cause des patrouille au large de Dakar et de Saint Louis. Mais une tempête a fait chavirer deux fois le bois et les vagues ont avalé qui ne pouvaient pas nager. D'autres sont morts après deux semaines à la dérive sans rien a boire ni a manger à bord. Les grigri que les marabùs des villages lui avaient donnés pour s’assurer la protection des Esprits, ont échoué contre la puissance de la mer. Une semaine avant Dakar comptait 4 autres victimes après un autre naufrage, alors que le 7 décembre deux jeunes mouraient pour hypothermie, après leur arrivée aux îles Canaries. 108 décès en trente jours. Depuis 1988 au moins 1.726 migrants ont noyés en essayant d'atteindre l'Espagne et les Canaries, 868 seulement pendant le 2006. Le Gouvernement espagnol parle même d'environ 6.000 victimes. Chiffres alarmantes qui crient aux responsabilités des gouvernements Européens et Africains, sourdes aux raisons des milliers de migrants illégaux, toujours accusés d'une invasion qui simplement n'existe pas.


L'invasion qui il n'y a pas. Madrid insiste sur les 31.000 arrivées au Canaries pendant le 2006, un record comparé avec les 5.000 du 2005. Mais derrière l'esprit alarmiste se cache une vérité différente. Quand en 2005 l'Espagne régularisa 690.000 migrant illégaux, le 20% étaient Ecuadoriens, le 17% Roumains et le 12% Marocains, suivis par le Colombiens, Boliviens et Bulgares. L'Afrique subsaharien – dont tout le monde craindrait l'invasion - n'excédait pas le 4% des demandes. Les mêmes résultats se sont produits en Italie. Dans la régularisation du 2002, 134.000 des 646.000 demandeurs étaient Roumains, 101.000 Ukrainiens, 48.000 Marocains et Albanais et 34.000 de l’Ecuador.

Les chiffres du Ministère de l’intérieur italien aident à comprendre mieux. En 2006 les 63% de migrants illégaux étaient entrés en Italie avec un visa de touristes, après expiré. Et puis un autre 24% été arrivé des autres Pays Schengen, en profitant des l’ouverture des frontières intérieures de l’Union. Les 20.000 arrivés par bateau en Sicile en 2006 (ils étaient 19.000 en 2005) ainsi ne représentent pas plus du 13% de toutes les entrées illégales. En fait les mécanismes d'entrée légale pour travail ne fonctionne pas. Mais différemment des autres Pays, en Afrique les possibilités pour obtenir un visa touristique pour l’Europe sont presque nulles pour les candidats à l'immigration. C'est la réalité, mais l'Europe préfère encore parler d’une «pression sans précédent» et dépenser des millions d'euro pour la répression d'une invasion qu'il n'y a pas.

$$$$$$$$$ Un milliard et 820 millions d'euro n’est pas mal. C'est le budget des prochaines sept années pour les patrouille des frontières extérieures de l'Union européenne. En fait il s’agit de presque la moitié du total de 4 milliard d’euro des ressources dédiées au chapitre immigration du budget qui vient d’être approuvé au Parlement européen. Dans ce jeu Frontex, l'agence européenne pour la patrouille des frontières, a gagné un super bonus, en doublant son budget des 19 millions d’euro en 2006 aux 34 millions pour le 2007. Le but avoué est la création d’un système permanent de patrouille des côtes sud de l'Europe. C'est ça le but de la prolongation de 6 mois de la mission de Hera au Sénégal, fonctionnant à partir du 7 septembre 2006, comment des pressions sur Tripoli pour une opération commune le long des côtes Libyennes à partir de l'été 2007.

La nouvelle diplomatie. L'Espagne, qui a dépensé 45 millions d’euro en 2006 afin de rapatrier par vol environ 4.400 Sénégalais, vient de conclure un accord avec le Maroc pour le rapatriement des enfants. Au même temps l'Italie a renouvelé sa coopération avec la Tunisie pour la patrouille du Canal de Sicile. Des accords pareils font partie aujourd’hui de toutes les relations diplomatiques de l'Europe avec la ceinture des pays de la Turquie jusqu’à la Gambie, passant pour tout le Maghreb, la Mauritanie et le Sénégal. Aides en échange de patrouilles des frontières extérieures européennes. Un engagement qui toutefois se traduit souvent en détention arbitraire et déportations collectives, la plus part de fois en conditions dégradantes.

A la chasse! Le réseau Migreurop rapporte que l'aube du 23 décembre environ 300 migrants ont été arrêtés dans une ratissage de police dans différents quartiers de Rabat, au Maroc. La même chose c’est passé deux jours après à Nador, aux portes de l'enclave espagnole de Melilla. Les migrants ont été expulsés à la frontière avec l'Algérie, à Oujda. Parmi eux il y a aussi des demandeurs d’asile politique et des réfugiés sous la protection de l’ Haut Commissariat pour le Réfugiés des Nations Unies au Maroc, qui pourtant n’est pas en train de faire grande chose pour arrêter les continues déportations collectives commencées avec la répression de Ceuta et Melilla en 2005. Aussi en Algérie les déportations à la frontière malienne continuent et des centaines de migrants sont abandonnés dans le village de Tinzanwatin, au milieu du désert du Sahara. En Libye, déjà accusée de détentions arbitraires et tortures par Human Rights Watch et Afvic (Amis et familles de victimes de l'immigration clandestin), les déportations collectives continuent. Selon une communiqué de presse de l’Agence Habeshia, 400 citoyens Erythréens détenus dans la prison de al-Kufrah, une structure à la frontière avec le Soudan financée par l'Italie, risqueraient l'expulsion et puis l’emprisonnement à leur arrivée en Erythrée. Certains d'entre eux risqueraient aussi la mort «pour le rôle politique qu'ils ont eu». En 2003 Tripoli expulsa à Asmara 181 personnes, sur demande du Président érythréen Iseya Afewerki, «nous n’avons plus aucune nouvelles de ces gens jusqu’à maintenant», selon Habeshia et Amnesty International.

Si la Turquie dit no. La situation de la Turquie est différente. Ankara menace de sortir du jeu si Athènes continuera à expulser ses migrants irréguliers en Turquie et si l'Union Européenne ne participera pas aux dépenses, a dit Mehmet Terzioglu du Ministère de l'Intérieur turc, se rapportant peut-être au cas de Karaburun, quand à l'aube du 26 septembre 8 migrants avaient noyés à 400 mètres des plages de la ville turque, après que les forces armées grecques - qui les avaient arrêtés dans l’île grecque de Hiyos - les jetèrent en mer. Et ce n’était pas la première fois. Selon Ankara les Gardes Cotes grecs aurait abandonné dans les eaux territoriales turques au moins 5.800 migrants illégaux du 2003 au 2006. Sur les routes entre la Turquie et la Grèce, en mer Égée, au moins 452 personnes ont perdu la vie. Le dernier accident le 2 décembre, quand après un naufrage au large de Edremit, 3 personnes étaient portées disparues.
Suicides illegaux. Deux jours plus tard à Marseille, en France, un jeune turc, Kazım Kustul, 22 années, s’est suicidé dans un centre de détention de migrants. Il vivait en France depuis 2003 et avait été arrêté pour être expulsé. Son cas n'est pas le seul. Le 9 décembre, un Bulgare agé de quarante ans et détenu en Italie, au centre de Lamezia Terme (Catanzaro), s'est accroché. Et le 2 décembre en Russie Manana Dzhabelia, 51 ans, géorgien, arrêtés comme migrante illégale, meurt d’infarctus. Elle souffrait de diabète, et aurait probablement été sauvée si aidée à temps, dénoncent les associations qui rapportent un cas pareil en octobre. Il a sept ans le 28 décembre 1999 six personnes mouraient dans l’incendie du centre de détention de Trapani, en Italie. Cinq ans après le préfet Leonardo Cerenzia était acquitté. Dans le septième anniversaire de la tragédie, le Forum antiraciste sicilien a démontré devant le centre de détention afin de rappeler les victimes, pour que la mémoire ne s’évanouisse pas.

Pour ne pas oublier. Pourtant ils vont pas s’évanouir les fantômes des 283 victimes du naufrage du Noël 1996. Dans le dixième anniversaire de la plus grande tragédie de la mer Méditerranée de l'après-guerre ils sont toujours là, enterrés au-dessous de 106 mètres de mer, 20 milles au large de Porto Palo (Sicile), bloqués dans la soute du F-174, fait couler avec ses passagers par les trafiquants qui après s’échappaient en Grèce avec peu de survivants. Melting Pot a dédié un spécial à un crime qui grâce au témoignage des survivants, à l'épreuve d'un pêcheur et à l’investigation d’un journaliste est sorti de l'oublie en 2001 quand Giovanni Maria Bellu a montré les images du bateau au fond du Canal de Sicile. Le procès est encore ouvert. L'armateur et le capitaine sont accusés d’homicide volontaire.

Ne touchez pas svp. Il y aura justice? Difficile de le dire dans un Pays, Italie, où a risquer la prison se sont plutôt les bateaux qui secourent les naufragés, comme enseigne tristement le cas du Cap Anamur, un bateau humanitaire allemand qui en juillet 2004 sauva 37 migrants de la mer et qui aujourd'hui est accusés dans un procès de complicité aggravé de l’immigration illégale.