C’est un nouveau nom du rap tunisien. Il a commencé à jouer après la chute du régime de Ben Ali en janvier 2011. Il s’appelle Karim et «Kamkam l'harqa» est l'un de ses premiers morceaux. Il n’a peut-être pas beaucoup circulé, mais son texte est intéressant. Parce qu’il nous accompagne vers ce que pense les gens sur la rive sud de la Méditerranée. C’est-à-dire que bruler la frontière cela ne vaut plus la peine. Dans son morceau, «Kamkam» raconte l'histoire d'un garçon, sa vie de privation matérielle et d’astuces illégales pour s’en sortir, et ses rêves d'une vie «trop chic» en Europe. Des choses comme rencontrer un Jennifer Lopez, avoir des enfants avec des papiers européens et être de retour avec une Jaguar et la popularité d'une étoile comme Maradona. Mais l'Europe qu’il rencontre est différente. Pour la première fois dans sa vie il connait la faim, la soif et le froid car il dort sous un pont, jusqu'à ce qu'un jour la police ne l'arrête sans qu’il n’ait même le temps de comprendre ce qui se passe. Au poste de police, entre une gifle et l'autre, un officier lui demande ce qu'il est venu faire de ce côté de la mer. Et il répond: «Un rêve m'a fait venir.» Ici, cependant, ce rêve a tourné au cauchemar. Et Kamkam n’hésite pas à dire à ses copains de ne pas partir, pas la peine, et plutôt d'essayer de profiter de la vie en Tunisie. Parce que on risque de rentrer dans un cercueil quant on rentre d’Europe. Alors qu’en attendant, les plus belles années de la vie s’en vont. Beaucoup de jeunes pensent désormais la même chose. Et en effet cela n’est pas un hasard si "seulement" 30.000 jeunes Harragas, sur une population de 10 millions d'habitants, sont partis de la Tunisie en 2011 à destination de l’île sicilienne de Lampedusa, malgré les frontières ouvertes et une économie qui s’effondre. Mais, une fois compris que l’on ne passait plus, les départs ont cessé. Donc, la culture harraga à présent est minoritaire. Elle concerne surtout les enfants des quartiers populaires qui voient la frontière comme leur propre rédemption. Mais la plupart des gens pensent différemment. Tout le monde sait maintenant qu'il y a la crise économique en Europe et que le racisme a atteint des niveaux insupportables. Et en même temps les changements politiques qui ont eu lieu dans toute la rive sud de la Méditerranée cette année avec le soulèvement populaire qui a conduit à la fin de la dictature en Tunisie, Libye et Égypte, avec d'importantes réformes en Algérie et au Maroc, ont instillé l'espoir et l'optimisme dans la première génération du boom économique dans ces pays. Ce qui représente une raison supplémentaire d'ouvrir les frontières au sud de l'Europe, comme cela a été fait il y a cinq ans avec l'Europe de l’est. Parce qu'il n’y aura pas d'invasion. Elle existe que dans nos craintes. Et alors une bonne écoute. Et comme d'habitude, une bonne lecture, car vous trouverez ci-dessous le texte traduit de la chanson.
Kamkan l'7ar9a kamkam, 3alli i5ammem fil 7ar9a fi nhar min nharata. 9al: “Menejemch n3ich fi bledi, n7eb des european nhar a5ar ikounu ouledi, nense le3bed el kol, darne, 5oueti, 7atte s7abi, yezzini me 3anit, lezem ne9dhi 3ala 3dhebi”. 9al: “Muchkelti el youm hiya el 7ar9a, 5al nensa el mechekel, ou neb3ed 3assir9a.” 9al: “Lezem n3ich 3icha très chic, se no 7ayeti aura fin tragic, 8adicka fil europe taw ne3mel logic, le nisra9, le na5taf, le nohrob bi les filles.” 9al: “Lezemni 5idma, t3awinni 3la kol chey, todhmolli 3ich lux, ou 8adi n3ich bay, ou barra 3ad, ti7b far5a ta7founa, ki Jennifer Lopez, wella 7atte ki Madonna, nuelli 8adi star kima ken Maradona, 3lech le? 3andi la fortuna!” 9al: “8adi nhabbet el mécanique, Ferrari, Jaguar, el mouhem 7aje très chic. Lezimni 7aje jdida mefemmèch fil bled, bech ki nahbet fissif, i9ouli: 'haw le3bed!'” Dhou9 dhou9 le3dheb lyoum, dhou9 dhou9, fi nhar mi l’europe rak trawwa7 fi sandou9. Dhou9 dhou9 le3dheb lyoum, dhou9 dhou9, fi nhar mi l’europe rak trawwa7 fi sandou9. Dhou9 dhou9 le3dheb lyoum, dhou9 dhou9, fi nhar mi l’europe rak trawwa7 fi sandou9. Dhou9 dhou9 le3dheb lyoum, dhou9 dhou9, fi nhar mi l’europe rak trawwa7 fi sandou9. Hadheka ken klem ou lyoum wella klem. Ki wsil nsè el a7lem, 3raf elli wa7dou 5tar la misère, 3raf elli wa7dou 5tar tri9 l’en faire. L9a rou7ou mtayyech fil keyyes, le yekel, le yochrob, le yor9od kinnes, l9a rou7ou yor9od fil bard ta7t les ponts. Hadheka 3lech 5tar il risque come solution, tabbe3 tri9 il risque, tri9 la7arm, ca vait wellet kima ken elli i chouf fih fil eflem, 7atta jè nhar ou el boulisiyya da5lou 3lih, mefe9 brou7ou ken snog dog bin idih, mefhem chey, kifè chelouh ou hazzouh, kef ihiz ou kef ijib, demdmouh ki ba7thouh, 9aloulou: “Kifech jit?” 9alhom: “Jebni mon rève” Elli jebu i5af, kifech ken 3ayech lebes, ou lyoum l9a rou7ou mtayyech fil a7bes, dhekker kifech ken 3ayech bilgdè, 3andou C trois, 3andou sa libertè, 7keyet el 7ar9a wellet kima 8neya fi CD, yema mchaou el 8adi le raou7ou le fi snede9 ou le CD. Hadheke 3lech lyoum yelli t5ammem fil 7ar9a 9ollek klimtin. Dhou9 le3dheb lyoum, dhou9 dhou9, fi nhar mi l’europe rak trawwa7 fi sandou9. Dhou9 le3dheb lyoum, dhou9 dhou9, fi nhar mi l’europe rak trawwa7 fi sandou9. “Jebni mon reve.” Dhou9 dhou9, dhou9 le3dheb lyoum dhou9 dhou9, fi nhar mi l’europe rak trawwa7 fi sandou9. Dhou9 le3dheb lyoum, dhou9 dhou9, fi nhar mi l’europe rak trawwa7 fi sandou9. | Kamkam brûler la frontière KamKam, pour ceux qui envisagent de brûler la frontière un de ces jours. Il a dit: «Je ne peux pas vivre dans mon pays, Je veux que mes enfants un jour soient des Européens, J'oublie toutes les personnes, ma maison, mes frères, même mes amis, Assez de tout ce que j'ai souffert, Je dois vaincre ma souffrance.» Il a dit: «Mon problème est maintenant de brûler la frontière, pour oublier les problèmes, et rester loin de la criminalité.» Il a dit: «Je dois vivre une vie trop chic, autrement ma vie fera une fin tragique là-bas en Europe je vais utiliser la logique, pas de vols, pas de cambriolages, pas de bourdes avec les filles» Il a dit: «J'ai besoin d'un emploi, qui m’aide en toutes choses, qui me garantit une vie de luxe, Je serai comme un roi là-bas, et peut-être même que je vais trouver une belle fille, comme Jennifer Lopez ou Madonna, là-bas je serai une star comme l’était Maradona, pourquoi pas? J'ai de la chance moi! » Il a dit: «De là-bas je redescends avec de la mécanique, une Ferrari ou une Jaguar L’important est que ce soit quelque chose de trop chic. J'ai besoin de quelque chose de nouveau qui ne se trouve au pays, pour que lorsque je redescends en été, on me dise: «Voilà des hommes!» Essaye, goûte la douleur d'aujourd'hui, Essaye, goûte, qu’un jour de l'Europe tu pourrait revenir dans un cercueil. Essaye, goûte la douleur d'aujourd'hui, Essaye, goûte, qu’un jour de l'Europe tu pourrait revenir dans un cercueil. Essaye, goûte la douleur d'aujourd'hui, Essaye, goûte, qu’un jour de l'Europe tu pourrait revenir dans un cercueil. Essaye, goûte la douleur d'aujourd'hui, Essaye, goûte, qu’un jour de l'Europe tu pourrait revenir dans un cercueil. Voilà ses mots mais maintenant, ses mots ne pas les mêmes. Dès son arrivée, il a oublié ses rêves, il a compris que tout seul il avait choisi la pauvreté, et que lui seul avait choisi sa voie. Il s’est retrouvé à la rue, sans manger, sans boire, sans dormir comme les gens, Il s’est retrouvé à devoir dormir au froid sous un pont. C'est pourquoi il a choisi le risque en tant que solution, il a suivi le chemin du risque, la route du péché, il est devenu comme ceux qu’il regardait dans les films, jusqu'au jour où la police est arrivée et ils l'ont arrêté, il s’est retrouvé seul à ses mains des menottes, il n’y a rien compris, comment ils l’ont arrêté et emmené, une gifle par ci et une par là, Ils l’ont repris pendant l’interrogatoire, ils lui ont dit: «Comment êtes-vous arrivé là?» et il leur a répondu: «Un de mes rêves m’y a conduit» celui qui l’a emmené a peur, comme il vivait bien, et aujourd'hui il est enfermé en prison, il se souviens comment il a bien vécu, il avait une C3 et sa liberté, Cette histoire de vouloir bruler la frontière est devenue comme une chanson sur un CD, combien sont ceux qui sont partis et ne sont pas rentrés ni dans un cercueils, ni sur un CD. C'est pourquoi, aujourd'hui, à ceux qui pensent bruler la frontière, Je dis deux mots : Essaye, goûte la douleur d'aujourd'hui, Essaye, goûte, qu’un jour de l'Europe tu pourrait revenir dans un cercueil. Essaye, goûte la douleur d'aujourd'hui, Essaye, goûte, qu’un jour de l'Europe tu pourrait revenir dans un cercueil. Un de mes rêves m’y a conduit Essaye, goûte la douleur d'aujourd'hui, Essaye, goûte, qu’un jour de l'Europe tu pourrait revenir dans un cercueil. Essaye, goûte la douleur d'aujourd'hui, Essaye, goûte, qu’un jour de l'Europe tu pourrait revenir dans un cercueil. |