04 December 2011

Les réfugiés de Libye et l'usine des sans-papiers

photo de Mashid Mohadjerin
En temps de crise on coupe les aides de l’État, on augmente les impôts et on demande des sacrifices aux citoyens, toujours aux mêmes, les pauvres. Pourtant personne ne touche à l’usine des sans-papiers. Elle continue son travaille tous les jours, à plein rythme. En 2011 elle a facturé 400 millions d'euros à tout un monde d’associations, coopératives et petits hôtels. A travers une production estimée entre 15.000 et 20.000 ordres d'expulsion. Il s’agit d’un nombre entre 15.000 et 20.000 de personnes forcées de vivre d’un jour à l’autre dans la clandestinité, après avoir été prises en charge dans tous les sens par l'État. On ne parle pas des Centres d’'identification et d'expulsion (CIE). Mais de leur contraire: les Centres d’Hébergement. Et en particulier le système d'accueil des réfugiés de la guerre en Libye. Lorsqu’un réfugié arrive à Lampedusa, après avoir fuit la guerre de Libye, on lui propose de faire une demande d’asile sans qu’il ne s’en rende compte. Puis on le place dans une hutte sur les Alpes. Il mange et il boit, payé par l'Etat, surtout parce que la loi lui interdit de travailler. S’il a de la chance il aura la télévision par satellite, des cigarettes, des cours d’italien et un cours de formation professionnelle. Si les choses tournent mal, rien de tout ça. Jusqu'à ce qu'un beau jour on l’appelle devant un jury pour une entrevue. Et puis, une fois de plus sans rien y comprendre, il se retrouve au milieu d’une rue en quelques jours. Sans valises et sans amis, tout comme le jour de son arrivée à Lampedusa un an plus tôt. C’est le grand paradoxe de l'hospitalité italienne. Ou plutôt, la grosse arnaque.

Oui parce que nous parlons de 17.500 euros par an (48 euros par jour) pour chaque invité, en attendant que l'État bénisse sa clandestinité. Les services d'accueil, la médiation, les cours d'italien, de formation, tout ça en vain. Parce que pour ces personnes ça se terminera bientôt dans la rue. Oui, parce qu’à toutes les personnes qui sont arrivées à Lampedusa en provenance de la Libye on a fait faire une demande d'asile politique. Et maintenant que les comparutions devant les commissions locales pour la reconnaissance du statut de réfugié commencent, on se rend compte que c'était un mauvais choix.

Aucun des réfugiés, en effet, n'a jamais fait de la politique ni a souffert de la répression à cause de ses idées. Et presque personne n’est Libyen, ce sont tous des Africains et des Asiatiques. Des simples ouvriers qui vivaient de façon permanente à Tripoli et qui ont dû fuir lorsque la guerre a commencé. Certains de leur propre gré, d'autres tout simplement déportés vers l'Italie par les armées de Kadhafi. C’est pourquoi la bureaucratie italienne aujourd'hui ne voit aucun obstacle à leur expulsion.

À l'exception des Somaliens, des Érythréens et des Ivoiriens, dont les pays d'origine sont encore instables, pour presque tous les autres réfugiés le déni les attend. Cela ne signifie pas le rapatriement. Mais quelque chose de pire. Cela signifie la vie clandestine. Séjourner dans un pays, l'Italie, sans pouvoir travailler ni étudier, ni louer une maison. Vivre sans être en mesure d'exister. Avec la peur constante d'être arrêté par la police pour un contrôle d'identité. Après que la gestion de leur vie a été financée par le circuit de l’accueil. Certainement, rien de nouveau par rapport à ce qui s'est passé dans le passé. Les milliers de Ghanéens et des Nigérians sans-papiers de Castel Volturno, près de Caserta, par exemple, sont tous des anciens demandeurs d'asile qui ont été admis à Lampedusa et abandonnés à eux-mêmes par un refus après avoir passé un an dans les Centre d’accueil de Bari ou de Crotone. Mais il est peut-être temps de dire assez.

Parce que, pour la première fois les contradictions du système sont visibles à tout le monde. Parce que, pour la première fois les gérants du système d’accueil ne sont pas des grandes coopératives condamnées au silence par la nécessité de renouveler des contrats millionnaires avec les préfectures. Mais ce sont des centaines d'associations et des milliers de travailleurs sociaux de bonne foi. A qui nous demandons haut et fort de se mobiliser. De ne pas être complices, des idiots utiles au service de l'usine des sans-papiers.

Il y a une pétition sur Internet, qui a été lancée par le site de Melting Pot. Elle s’appelle «Droit au choix». Elle exige que le gouvernement, tel que prévu par la loi, reconnaisse un permis de séjour temporaire pour raisons humanitaires à tous les réfugiés en provenance de Libye. Exactement comme cela a été fait au mis d’avril 2011 avec 14.000 Tunisiens. Ils choisiront quoi faire de leur vie. Si rester en Italie, malgré la crise, si tenter de poursuivre leur voyage pour rejoindre leurs amis partout à travers l'Europe. Ou si - et ce serait probablement le meilleur choix pour tous- retourner en Libye ou dans leurs propres pays, s’ils ne parviennent pas à trouver ici de bonnes conditions de travail. Cela aiderait également les caisses italiennes. Car cela n’as aucun sens de dépenser 1400 euros par mois pour héberger quelqu’un qui, au même temps, est interdit par la loi de travailler.

Jusqu'à présent, trois mille personnes ont rejoint la pétition, mais nous avons besoin de milliers de nouvelles adhésions si nous voulons nous faire entendre par le gouvernement. Éventuellement avant que, encore une fois, 20.000 personnes se retrouvent à la périphérie de nos villes. Prisonnières dans la forteresse Europe. Forcées de se réfugier dans les squats de nos villes, à faire la queue d’abord pour un petit boulot à la journée dans un chantier, puis dans un champ de tomates, et à la fin dans les circuits de la petite délinquance. Après que sur la gestion de leurs vies des centaines de millions d'euros ont été investis.

DROIT AU CHOIX. SIGNEZ LA PÉTITION
UN PERMIS HUMANITAIRE AUX RÉFUGIÉS DE
LA GUERRE EN LIBYE

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QUI SONT LES REFUGIESDE LA GUERRE EN LIBYE