14 December 2011

Et maintenant tout le monde dans les Centre d’identification et d’expulsion!



Le centre d'identification et expulsion de Turin

Des mots aux faits. Pendant des mois, des milliers de personnes se sont mobilisés exigeant le droit d'entrer dans les Centres d’identification et d’expulsion pour raconter à l'extérieur la violence institutionnelle de ces structures. Et maintenant il est temps de remplir cet engagement. Hier la censure est tombée. Et déjà plusieurs d’entre vous nous ont demandé comment sortir les préfectures de la bureaucratie pour obtenir le crédit. Aujourd'hui, nous allons tout vous expliquer.

Et nous invitons tous les journalistes qui fréquentent ce blog à suivre cette démarche. Chaque semaine il y a des histoires qui brisent le mur du silence. En attendant que d'autres brisent les murs, les vrais murs, afin de nous libérer une fois pour toutes de ces lieux de l’absence de droit et du principe de l'inviolabilité de la liberté personnelle.

Commençons du début. Avec l'abrogation de la circulaire 1305, les journalistes peuvent visiter les centres d'identification et d'expulsion (CIE), les centres d'accueil pour demandeurs d'asile (CARA) et les centres d'accueil (CPA). Les préfectures autorisent les visites sur le territoire dont elles ont le contrôle. Leurs contacts sont sur la page du Ministère de l'Intérieur. Vous devez les appeler et demander à parler au Chef de Cabinet du Préfet, pour voir un contact (e-mail ou fax) à qui envoyer la demande d'accréditation presse pour visiter le centre. L'idéal est d'envoyer le fax ou le mail directement à partir de l'organisation pour laquelle vous travaillez. En plus de vos données et de celles de votre organisation, vous devez spécifier si vous voulez visiter le centre, avec qui vous voulez avoir une entrevue, de combien de temps vous aurez besoin, si vous voulez prendre des photos, des vidéos, des enregistrements, ou tout simplement prendre des notes. Si vous êtes inscrit en tant que journalistes et publicistes, les pigistes peuvent aussi faire la demande.

L'autorisation reste à la discrétion du préfet, qui décide sur la base des conditions fondamentales du centre. Cela signifie que si ce sont des journées d'émeutes, s’il y a des incendies ou s’il y des tensions, on a tendance à différer ou à interdire votre visite. Dans ce cas, il faut simplement insister, car dans la plupart des cas, les réponses sont positives. Le temps d'attente pour la réponse peut varier d'une semaine à plusieurs mois.

Une fois à l’intérieur, vous avez le droit de demander à la direction de la structure la nature des coûts. Vous pouvez parler avec les chefs de police et les agents de l'immigration, mais surtout vous avez le droit de parler avec les prisonniers. Gardez à l'esprit que dans certaines villes la police a tendance à décourager et, dans certains cas, interdire, les entretiens avec les détenus, avec l'excuse habituelle de la sécurité des journalistes. En fait, vous êtes en droit de les rencontrer, et de les rencontrer là où ils sont enfermés, à l'intérieur des cellules. Alors vous insistez, vous n'avez rien à craindre. Au contraire, les détenus ont toujours un grand besoin de raconter et de dénoncer ce qui se passe dans leur Cie.

Pour communiquer avec les prisonniers, l'idéal est de connaître au moins l’anglais et le français, aussi, de préférence l’arabe. La plupart des détenus sont en fait des Arabes et des Africains (anglophones et francophones), et souvent leur niveau d'italien est limité, voire nul, s’ils viennent d'arriver. Si vous n'avez pas de compétences linguistiques, faites une demande pour obtenir une autorisation pour un collègue qui peut vous aider avec les traductions. Sinon, demandez l'aide des prisonniers qui parlent mieux l'italien dans les cellules. Je vous déconseille d'utiliser les traducteurs des organes de direction. Essayez de parler avec les médecins à propos de la question de l'abus de médicaments psychotropes.

Pour vérifier les informations recueillies lors des entrevues avec les détenus, il est toujours préférable de demander le contact de leurs avocats et de leurs proches et de leurs anciens employeurs avant l’entrée dans le Cie. Pour ce faire, il est toujours bon d’insister auprès des autorités pour avoir un temps suffisant pour rassembler les preuves. L'idéal est de demander à la Préfecture de préparer une déclaration écrite précisant la durée de la visite.

Avant de publier vos documentaires, toutefois, n’oubliez pas de protéger la confidentialité de vos interlocuteurs. Certains détenus préfèrent rester anonymes, d'autres pourraient vouloir ne pas être reconnus sur les photos. Chaque choix est légitime et en tant que tel il doit être respecté.

Les Cie actuellement en fonction sont ceux de Turin, Milan, Modène, Bologne, Gradisca d'Isonzo (GO), Rome, Bari, Brindisi, Lamezia Terme, Trapani (Vulpitta et Milo). Alors que les CIE de Caltanissetta, Trapani (Chinisia), Crotone, Palazzo San Gervasio (PZ) et Santa Maria Capua Vetere (Cs), sont actuellement fermés. Si vous êtes intéressés aux sections des femmes, il y a les Cie de Turin, Rome, Bologne et Milan. En ce qui concerne les sections de transsexuels, elles sont à Milan et Rome. A Cagliari il y a un centre de premier accueil (CPA) utilisé de facto comme un Centre d’identification et d’expulsion. Le CPA / CIE de Lampedusa est actuellement fermé. Avant de partir, étudiez les informations disponibles sur notre tag CIE.

En ce qui concerne les CARA, consultez la section du site, en gardant à l'esprit que, entre temps le méga CARA de Mineo, à Catane, en Sicile, est probablement le plus intéressant à visiter en ce moment.