Vidéo de Enrico Montalbano
Après les villes de tentes, les bateaux. L'imagination du ministère de l’Intérieur en termes de répression et de détention illégale ne semble pas connaître de limites. Aujourd'hui nous vous montrons les images que Enrico Montalbano a enregistrées devant le port de Palerme. Vous y voyez l'un des navires de Moby. Regardez-le bien, car beaucoup d'entre vous le reconnaîtront bien. Personnellement, je l'ai pris deux fois pour me rendre à l'île d'Elbe. Aujourd'hui, c'est une prison. Une prison - pensez le paradoxe – pour la rétention de voyageurs. Depuis trois jours, il est utilisé comme un centre d'identification et d'expulsion. De manière complètement illégale. A l'intérieur il y a des centaines de jeunes personnes enfermées. Privées de leur liberté pendant des semaines, sans validation du juge, donc de façon totalement illégale et inconstitutionnelle. Ces personnes sont accusées d'avoir brûlé la frontière, voire d'avoir voyagé sans passeport. Il y a environ 600 personnes. Les mêmes personnes qui ont mis le feu au centre d'accueil à Lampedusa le 21 septembre en signe de protestation. En plus, dans les dernières heures ils ont été rejoint par les 98 Tunisiens qui ont débarqué à Linosa et les 75 personnes qui, il y a deux jours, avaient été détournées à Porto Empédocle, Agrigente, au lieu d'être débarquées à Lampedusa. Certains d'entre eux sont blessés parce que pendant le transfert ils ont brisé des vitres de l'autobus pour se couper les poignets en signe de protestation contre l’expulsion. Parce que c’est ainsi que le destin joue son tour. Le ministère de l'Intérieur italien a annoncé que seulement la semaine dernière 604 Tunisiens ont été rapatriés. Il s'agit d’une nouvelle entente avec le gouvernement de transition de Tunis. Deux vols par jour pour 100 personnes. Le dernier est parti hier matin, de l'aéroport de Palerme. Un 747 de la Dubrovnik Air. À ce rythme, dans les dix jours ils seront tous expulsés sans avoir eu la possibilité de désigner un avocat ni de voir un juge de paix. Ainsi, dans un état policier global et efficace. Pour faire tomber les plans du Ministère il ne reste plus qu’à espérer en une protestation sensationnelle ou en quelques prévisibles tentatives d’évasion. Mais pour minimiser le risque d'une énième révolte, après l'incendie de Lampedusa, le ministère de l'Intérieur a donné l'ordre de commencer à trier les détenus dans les différents Cie en Italie, par petits groupes.
Les premiers transferts ont commencé hier. Le bateau Moby a quitté le port de Palerme et est arrivé à Cagliari, en Sardaigne, où les 221 détenus ont été emmenés au Centre d’accueil de Elmas, qui en fait fonctionne comme un centre d’identification et d’expulsion, celui-ci étant illégale, aussi. Deux autres avions sont aussi partis de Palerme en direction de Brindisi et de Rome. Les Tunisiens qui étaient à bord des vols seront acheminés entre le Centre d’identification et d’expulsion de Rome et ceux de Bari et de Brindisi, dans les Pouilles, où il y a quelques jours il y a eu une méga-évasion avec plus de 60 détenus qui ont réussi à s'échapper et à retourner en liberté précisément s’évadant du Cie de Restinco, dans la région de Brindisi. Sur les deux paquebots-Cie qui sont restés dans le port de Palerme il y a maintenant 340 prisonniers.
traduit par Venoric Algeri