Jamal a toujours des douleurs dans le dos. Il a manqué son saut sur le mur. Mais il a quand même réussi à sauter. Et maintenant il est sorti. Enfin libre. Prêt à retourner dans les bras de sa petite amie à Bologne. Il s’est enfui la nuit dernière du centre d'identification et d'expulsion (CIE) de Rome. Et avec lui 30 autres prisonniers se sont échappés. Tunisiens, Marocains et Egyptiens. La préfecture de Rome n'a toujours pas donné l’information. Mais deux témoins oculaires ont confirmé la nouvelle à Forteresse Europe. Il s’agit de l’évasion la plus importante cette année au Cie de Ponte Galeria. Et cela n’est pas un hasard si cette évasion s’est produite deux jours après la publication au Journal officiel de la nouvelle loi sur les rapatriements, qui transforme de 6 à 18 mois la limite de la détention dans un centre d’identification et d'expulsion. Il s’agit de la même loi qui avait allumé les esprits des détenus, lorsque le 29 juillet ils s’étaient révoltés après les violences contre trois détenus algériens qui avaient tenté de s'évader. Mais cette fois ils ont décidé de changer de stratégie. Et au lieu de la confrontation avec la police ou des grèves de la faim, ils ont préféré la fuite.
Depuis des jours, Ils y travaillaient dans le plus grand secret, à l’étage. Surtout le groupe des 16 Tunisiens transférés de Lampedusa au Cie de Rome la semaine dernière. Ces derniers jours ils ont coupé une barre en fer de la cage dans le secret, derrière les cellules. C'est grâce à cette ouverture si cette nuit ils ont réussi à sortir en masse. Trente personnes précisément. Il était onze heures du soir. Avant la fermeture des cellules. Le reste était une question de secondes. Le groupe de fugitifs s’est lancé contre la guérite d’un militaire de garde qui, pris par la peur devant le grand nombre de détenus, a quitté son poste pour aller chercher des renforts. Mais quand les agents sont arrivés, il était déjà trop tard. Les trente détenus avaient déjà réussi à escalader le mur de cinq mètres de haut, juste à partir de la guérite. Et malgré quelques coups de matraque arrivés en retard ils ont tous réussi à sauter la clôture et à disparaître sans laisser de traces.
Tous, sauf un garçon qui, après avoir passé la nuit caché dans un arbre pour pas que les agents qui pendant toute la nuit ont passé les environs du Centre au tamis le trouve, ce matin est retourné frapper à la porte. Demandant à être réadmis et rapatrié. Parce que si tu n’as personne dehors, même la liberté peut faire peur.
Parce qu'en Italie, comme en Europe, sans un visa valide sur son passeport, à tout moment on est susceptible d'être arrêté pour un simple contrôle d'identité, et de retourner pendant 18 mois en prison, attendant d'être identifié et expulsé. Chacun des 30 évadés de la nuit dernière court ce risque. Ceux qui ont déjà quitté Rome et ceux qui sont encore cachés dans la foule de touristes dans les rues et les jardins de la capitale, en attendant de récupérer un peu de force après ces mois de détention et de décider quoi faire, courent ce risque.
traduit par Veronic Algeri