Les patrouilles de Frontex ont repris le 10 septembre dans le détroit de Sicile et au sud de la Sardaigne, où presque 1.400 algériens ont déjà débarqués cette année en provenance d’Annaba. Dans les premiers mois d’activité, l'opération appelée Nautilus II (qui a eu lieu en juin et juillet 2007) a permis d’intercepter 464 migrants et d’en sauver 166. Le commissaire européen, Franco Frattini, a récemment déclaré qu’à partir du 2008, ces patrouilles deviendront permanentes et que la Libye va coopérer. Frattini a déjà demandé 30 millions d'euro à ajouter au budget de Frontex (34 millions pour le 2007), bien qu'un amendement du Parlement européen ait demandé de geler immédiatement le 30% des frais administratives de l'agence. Quoi qu'il en soit, la nouvelle qui nous inquiète de plus est celle de la future coopération avec la Libye afin de retourner les migrants dans le ports de départ.
Frontex fait déjà ça en Mauritanie et au Sénégal, où plus de 1.500 migrants ont été retournés en 2007 et où quelque 18.000 sénégalais ont été rapatriés d’Europe en 2006. Selon l’Unhcr (Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés) les réfugiés voyagent illégalement avec les migrants économiques. Human Rights Watch a exprimé profonde inquiétude par rapport aux abus et aux tortures pratiqués contre les migrants en Libye. Mais l'Union européenne tourne les yeux. Frontex a déjà un fonctionnaire libyen de liaison. Bruxelles a offert à Qaddafi un système électronique des patrouilles pour ses frontières méridionales avec le Niger, le Tchad et le Soudan, d'où chaque année des milliers de personnes entrent clandestinement dans le pays, parfois continuant à voyager vers l’Italie. Frattini va bientôt envoyer une délégation à Tripoli afin d'installer ces fourniture, comme rapporté par le ministre italien des intérieur, Giuliano Amato, le 18 septembre 2007. Le même jour - quelle Europe schizophrène! - une note officielle de la présidence de l'Union européenne condamnait «les graves violations des droits de l'homme» en Erythrée. Mais aucune mention n’était faite au sujet des 2.589 Erythréens arrivés sur les côtes siciliennes en 2006 s’échappant à cette dictature – bien qu’ils représentent le 12% des 22.016 migrants débarqués en Italie la dernière année et les 20,8% des 10.438 demandeurs d'asile de la même période. Ni aucune mention n’était faite au sujet des 600 Erythréens détenus il y a un ans et six mois à Misratah, 200 km à est de Tripoli, en conditions dégradantes, avec 3 femmes enceintes, 2 bébés et des dizaines d'enfants. Dernièrement quelque 70 ressortissants érythréens, tous de sexe masculin, âgés de vingt à trente ans, ont été arrêtés lors d’une rafle pendant la nuit du 8 au 9 juillet 2007 à az-Zawiyah, à ouest de Tripoli. À leur arrivée au centre de détention, ils affirment que des gardiens leur ont ordonné de se dévêtir avant de les battre, à coups de chaînes en métal notamment. Certains auraient de nouveau été frappés à de multiples reprises par la suite. Le bureau de l'Unhcr à Tripoli est en train de chercher de Pays disposés à accueillir au moins le femme réfugiés et leurs enfants. Mais les temps passe rapidement et le rapatriement se fait de plus en plus inévitable. En cas de retour dans leur pays, ces hommes seront arrêtés et torturés en tant que déserteurs de l’armée d’un Pays en guerre. En fait ce n’est pas un secret : en 2005 bien 161 déserteurs furent tués par balle en Erythrée, selon Amnesty International. Pour leur libération ont manifestés les communautés érythréennes de toute l’Europe le 18 septembre.
Le livre vert d'Ue pour l'asile a admit que les réfugiés voyagent sans papier avec les migrants économiques. Et alors la première victime de la militarisation des frontières est le droit d'asile. Les statistiques d’Eurostat sont claires: 192.000 demandes d'asile dans le 27 Etats Membres de l'Ue en 2006, contre les 670.000 en 1992 dans le vieux 15 Etats Membres. Les demandes d'asile se sont réduites de moitié dans les derniers 5 années. Conséquence logique d’un lutte aveugle contre la migration soi-disant illégale, qui oubli que la majorité des Irakiens, des Erythréens, des Soudanais, des Afghans et des autre réfugiés ne peut pas atteindre l'Europe sinon sans papiers. Contre eux l'Europe range ses armées, ses lois racistes, ses murs et ses prisons.
Ils viennent de l'Irak, de l'Afghanistan, de l'Iran, et ils s’embarquent sur les bacs des touristes en Grèce, à Patras et Igoumenitsa, se dirigeants en Italie. Chaque jour la police n’en trouve une dizaine dans les ports italiens de l’Adriatique. Ils sont gardés à bord jusqu'à ce que le bac parte de nouveau vers la Grèce, où ils sont arrêtées, et des fois retournés en Turquie, où ils risquent d’entre renvoyé en patrie. A septembre, selon des agences de presse italiennes, 194 migrants ont été retournés des ports Adriatiques italiens, dont 95 irakiens, 30 Turcs et 19 Afghans, pour la plus part «réadmis» en Grèce. Le 19 septembre, une famille irakienne - père, mère et quatre enfants âgés de 1 à 8 ans - ont été retournées en Grèce depuis le port d'Ancona. En août au moins 362 personnes ont été retournées de la même manière. Depuis le port de Bari, selon la police de frontière, 850 migrants ont été retournés en Grèce en 2006, dont 300 irakiens et 170 afghans. Le 9 avril 2007, toujours depuis Bari, au moins 150 Irakiens venaient retournés dans une seule journée et encore 120 irakiens etaient retournés en août et 43 en septembre. La loi italienne et la convention des Nations Unie sur les réfugiés, interdisent de retourner un demandeur d'asile. Et soit le Parlement européen soit l'Unhcr ont recommandait de ne pas réadmettre en Grèce des Irakiens.
En Grèce il n’y a aucun réfugié Irakien, selon un récent rapport de l’Ue. Au contraire, la Grèce a signé un accord de réadmission avec la Turquie en 2001, et expulse des Irakiens en Turquie, comme récemment documenté par l'"Organisation mondiale contre la torture". Et depuis la Turquie, en juillet, 135 Irakiens ont été rapatriés, selon l'Unhcr. En Turquie, 145 migrants ont été arrêtés lors des rafles dans la nuit de l’11 septembre, à Edirne et Ipsala, près de la frontière grecque, à Izmir, devant l'île grecque de Hios, et à Istanbul. 50 afghans, 21 somaliens, et 74 irakiens, mauritaniens, rwandais, georgeains, palestiniens, burmais. «Eux-tous seront expulsés» disent des rapports officiels. En attendant le gouvernement turc a commencé à construire un mur de 473 kilomètres le long de la frontière irakienne afin d'arrêter la lutte armées du Partie des Travailleurs Kurdes (Pkk) et de bloquer les migrants. La Syrie vient de fermer son point frontalière avec l’Iraq de Tanaf, et l'Arabie Saoudite a investi 3,2 milliards de dollars pour une barrière de 900 kilomètres de barbelé le long de sa frontière avec l'Irak. Et vous vous demandé pourquoi les demande d'asile baissent.
Des barrières comme ça rappellent ceux de Ceuta et Melilla et évoquent les fantômes des 17 migrants tué par balle par les Forces Auxiliaires marocain et par le Guardia civil durant l'été et l'automne 2005. Deux ans après, le 21 octobre, une caravane de solidarité reviendra sur ces endroits là, afin de garder vivante la mémoire des victimes d'une guerre, celle contre les migrants, qui n'est jamais finie. Une guerre qui fait des victimes aussi au front oriental.
Le nouveau rideau passe par la Slovaquie, la Pologne, l’Hongrie et la Roumanie. Et l'externalization des patrouilles des frontières de l'Ue est remise à l’Ukraine. Le 14 septembre 2007, trois filles tchétchènes, âges de 6, 10 et 13 ans, sont mortes congelés en essayant de franchir à pied la frontière Ukraine-Pologne avec leur mère. «L’Ukraine soumet régulièrement migrants et demandeurs d'asile à abus, détention prolongée en conditions effroyables, violences, extorsions, vols et retours forcés», on lit dans un rapport publié par Human Rights Watch en novembre 2005. «Le système d'asile – continue le rapport – ne fonctionne pas, menant au retour obligatoire des personnes dans de Pays où ils risquent persécutions ou tortures». En 2005 Hrw demandait à l’Ue un ensemble clair de garanties comprenant l'accès à l'asile et l’améliorations des conditions de détention en Ukraine avant de signer n'importe quel accord de réadmission, étant donné qu'ils avait documenté l'utilisation des accords de réadmission entre l'Ukraine et ses voisins de l'Ue pour expulser des demandeurs d'asile tchétchènes et uzbek souvent renvoyé en Russie depuis Kiev, à risque de persécution. L’Ukraine à retourné 5.000 migrants en 2004 et 2.346 dans le premier semestre de 2005, le 50% vers les ex Républiques soviétiques, les autres en Chine, Inde, Pakistan et Bangladesh. L'Ue connaît depuis longtemps ces rapports, mais Bruxelles vient de signer un accord de réadmission avec Kiev le 18 juin 2007. Aucune garantie sur le respect des droit fondamentaux. L'accord devrait entrer en vigueur avant de la fin de l'année. Entre-temps, les documents les plus récents de Pawschino, une association ukrainienne, confirme le dénonce d’Human Rights Watch, point pour point. Rien a changé. L'Europe a la conscience sale.