Maltraitances et refoulements massifs à Oujda
Les dérives de la chasse aux migrants au nom de la protection des frontières de l’Europe
Encore une fois, à Oujda, les forces de l’ordre marocaines, ont lancé une grande opération de ratissage contre des ressortissants de pays subsahariens (migrants et demandeurs d’asile) installés au campus de Oujda. Cette nouvelle opération d’envergure s’est soldée par l’arrestation de plus de 450 personnes.
Profitant des vacances scolaires et de l’absence des étudiants de l’université d’Oujda, les forces de l’ordre ont effectué une descente sur le campus très tôt le matin du 26 juillet 2007. Les témoignages recueillis auprès de certains migrants et demandeurs d’asile rescapés, et auprès des jeunes marocains du quartier avoisinant le campus, rapportent qu’environ vers 4h du matin, des policiers, militaires et forces auxiliaires ont encerclé les migrants, et ont commencé à les arrêter, maltraiter et matraquer violemment avec des ceintures et des bâtons en caoutchouc durci avant de les embarquer dans leurs fourgonnettes. Les personnes ayant réussi à fuir le campus vers la forêt avoisinante se sont retrouvées pourchassées par les forces de l’ordre, dont certaines étaient accompagnées de chiens. Les forces de l’ordre ont fait passer le camp au bulldozer et ont détruit, brûlé tout ce qu’il y avait. D’après certaines informations, un certain nombre de migrants arrêtés qui se trouvaient sur le campus avaient été précédemment interpellés à Laâyoune et refoulés jusqu’à Oujda et étaient déjà très affaiblies. Suite à cette opération, il y aurait plusieurs blessés.
Les ressortissants de pays subsahariens arrêtés ont été conduits, dans un premier temps, au commissariat de police de Oujda, où leurs téléphones ont été confisqués, avant d’être embarqués dans des fourgonnettes de police et conduits hors de la ville en direction de la frontière, à proximité de la zone de « Galla ». Parmi ces personnes refoulées, il y avait au moins six (6) femmes et deux (2) enfants dont l’un est âgé de 4 ans.
Oujda est devenu, depuis quelques années, un grand centre de détention à ciel ouvert, les migrants, demandeurs d’asile et réfugiés, y sont reconduits de toutes les régions et sont empêchés de rejoindre le reste du Maroc, au moyen de barrages militarisés et de campagnes de dissuasion auprès des transporteurs . Les procédures pourtant prévues par la loi marocaine n’y sont pas appliquées et les opérations de ratissage et d’arrestations y sont fréquentes. Les habitants de Oujda et les militants de la société civile qui se solidarisent des ressortissants subsahariens (migrants, demandeurs d’asile et réfugiés) subissent des intimidations de la part des autorités locales et sont empêchés de leur venir en aide.