29 August 2007

Lampedusa: arrêtés le pêcheurs qui sauvèrent 44 migrants naufragés

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ROME, 29 août 2007 – En prison pour avoir sauvé des migrants naufragés au large des côtes siciliennes. Le mercredi 8 août 2007 une petite flotte de pêche tunisienne (les bateaux Fakhreddine Mortadha et Mohammed el-Hedi), appareillant à une trentaine de milles marins de l’île italienne de Lampedusa rencontre une embarcation gonflable en difficulté. Au bord de celle-ci se trouvent 44 personnes dont 11 femmes (deux enceintes) ainsi que deux enfants, dont un handicappé. Parmi les naufragés à la dérive, un se trouve dans un état de santé grave. Une fois au port de Lampedusa, des hélicoptères-ambulances prennent en charge quatre naufragés en état critic et les transfèrent à l’hôpital de Palerme. Les sept pécheurs tunisiens qui les ont secourus et accompagnés sont, eux, arrêtés et mis en détention et les deux bateaux séquestrés. Accusés de “favorisation de l’immigration clandestine”, ils risquent jusqu’à quinze ans de prison. Le procés est en cours au tribunal d’Agrigente. La sentence sortira dans les prochaines semaines. Les pêcheurs sont suspectés d'être les trafiquants de migrants car sur leurs bateaux il n'y avait pas de poissons, ni des filet.

Naciri Mohamed, Marocain, c’est un des migrants sauvés par les marins tunisiens, avec des Erythréen, des Sudaneses et des Éthiopiens. Ils ont quitté la Libye la dimanche 5 août, mais après 48 heures, leur bateau pneumatique Zodiac, a eu des dommages et a commencé se dégonfler. Après le refus de plusieurs bateaux de pêche, ils ont été aidés par le deux bateaux tunisiens, qui les ont pris à bord. Leur bateau gonflable est coulé sous de vagues hautes deux mètres. Sur les deux bateaux il n'y avait aucun filet, parce qu'elles pêchaient avec un troisième bateau, appelé Karim Allah, sur lequel il y avait tous les outils requis pour la pêche traditionnelle dite du “cianciolo”, où deux bateaux font lumière au fond de la mer pour attirer les poissons et un troisième les attrapent dans les filets. Un document un arabe, saisi sur le Morthada, l’autorise à la pêche du “cianciolo” avec le bateau mère du “Karim Allah”.

Une fois sauvés les migrants, les pêcheurs lancent une alarme radio, reçu par le Centre maritime de coordination de recherche et de sauvetage (Mrcc) de Tunis, qui à 15:15 n’en informe Rome et Malte. Le fax, en anglais, dit que deux bateaux de pêche tunisiens “ont sauvé” 44 migrants et que un parmi eux a besoin d’assistance médicale. Le fax donne aussi les coordonnées géographiques des bateaux: 34°58' nord et 014°56' est. C’est à dire environ trente milles à sud de Lampedusa et à peu près 90 milles au large de Monastir, d'où les pêcheurs étaient partis. Le Mrcc de Rome informe le navire de guerre de la marine italienne, Vega, qui atteint le secteur envoyant un bateau gonflable avec un docteur à bord. C'est 18:25, les bateaux se trouve 14 milles à sud de Lampedusa, à 2 milles des eaux territoriales italiennes. À 18:50 le navire Vega s’en va pour secourir d’autre migrants naufragés plus à sud. C’est alors que – dit un des passagers Soudanais - les hommes à bord des navires de patrouille italiens de Garde-côte lui ont demandés de les suivre, vers Lampedusa, qui a étée atteinte en deux heures. Mais une fois arrivés sur l'île, les sept marins ont été arrêtés, suite à un message sur le frequence radio de Canal 16, avec lequel les autorités italienne ne lui donnaient pas l'authorisation pour entrer à Lampedusa.

Si condamnés coupables, ce sera le premier cas. D'autres pêcheurs ont été déjà dénoncés mais toujours acquittés pour les raisons humanitaires prévues dans l'article 12 de la loi italienne sur l’immigration, selon laquelle l'aide humanitaire aux migrants sans aucun permis de séjour en Italie ne constitue pas un crime. D'ailleurs, les autorités italiennes n'avaient pas le droit de demander aux pêcheurs tunisiens de rapporter les migrants en Tunisie. Enfait, un bon nombre d'eux sont des demadeurs d'asile politique, et l'article 3 de la Convention Européenne des droits de l'homme, interdit l’expulsion de ces qui risquent d'être détenus dans des conditions inhumaines et dégradantes une fois expulsés. Les déportations collectives sont aussi interdites par le Traité de Nice de 2000.

Enfin et surtout, les lois maritimes, basées sur la Convention maritime de recherche et sauvetage (Sar) de 1979, établissent l'obligation de sauver les vies en mer, sans souci à leur nationalité ni à leur statut, et le devoir de les débarquer dans “un endroit sûr”, qui le 8 août était le port de Lampedusa.