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Walid Bouani |
Walid Bouani était aussi un peu Italien. Il avait vécu pendant neuf ans à Padoue, dans le nord de l’Italie. De 2001 à 2010. Il avait été expulsé il y a un an. Une fois de retour dans la maison familiale à Hay Nur, un quartier de Tunis, il avait en vain cherché un nouvel emploi. Et dès qu'il a vu avec quelle facilité ses copains arrivaient à traverser la mer, immédiatement après la révolution, il avait décidé de faire la même chose. Quand leur bateau est parti de la côte de Sidi Mansour (Sfax) à destination de Lampedusa, c’était la soirée du 14 mars 2011. Sur le vieux bateau de pêche il y avait écrit un nom, «Zuhair ». Il y avait 48 personnes à bord. Les dernières communications téléphoniques avec les familles, à Tunis, remontent à 21h30 ce soir-là. Dans cet appel Walid Bouani, né en 1981, dit à son frère que la mer était calme. Depuis lors personne n'a eu de ses nouvelles. Pas même ses deux frères qui l'attendaient à Padoue où ils habitent depuis des années et où tout était prêt pour l'accueillir.