Miloud a les mains coupées. Il tourne son café assis à la table du bistrot de la gare et n’arrête pas de rire en racontant ses mésaventures de la veille avec la Gendarmerie française qui l'a arrêté et trouvé sans papiers sur un train pour Nice, mais qui a été incapable de lui empêcher de s’enfuir et de retourner à Vintimille en marchant le long des railles. C’est dans les deux tunnels qu’il s’est blessé. Il avançait à tâtons dans l'obscurité, il trébuchait à chaque pas et tombait par terre, en plus en risquant d'être percuté par un train. Pour lui, comme pour tout le monde, c'est aujourd'hui le dernier jour pour présenter la demande pour le permis de séjour temporaire de six mois prévu pour tous les Tunisiens qui sont arrivés à Lampedusa entre le 1er janvier et le 5 avril. Mais Miloud n’y aura certainement pas droit. La police de Vintimille lui a dit d'aller au poste de police de Savone. Mais Miloud n'a pas la moindre idée d'où se trouve Savone, ni l'argent dans ses poches pour acheter un billet. Contrairement aux autres, en France il n'a personne qui puisse l’aider. Mais tout cela ne semble pas l’inquiéter. Peut-être que ses 18 ans ne sont pas suffisants pour réaliser complètement qu’une dure réalité l'attend. Mais certainement ils suffisent pour se sentir enfin libre, pour avoir fait ce que toute une génération en Tunisie rêve depuis des années: voyager vers l'Europe.
Parfois on ne trouve pas facilement les mots pour décrire ce sentiment de liberté. C’est alors qu’Imad Belhadj emprunte ceux du poète le plus aimé en Tunisie: Abu-l-Qasim Chebbi. Sa « Chanson à la vie», de 1933, je l'avais déjà entendue souvent chanter sur les places de la révolution à Tunis et au Caire. Dans ce long poème Imad trouve les mots pour expliquer le bonheur qui illumine ses yeux sous le soleil de cette belle journée à Vintimille. Malgré la totale incertitude de son avenir, Imad se sent libre. Libre “comme un oiseau dans le vent”, libre “comme la lumière du matin dans le ciel. ” Sur ses lèvres, ses mots sont encore plus puissants. Car avant de partir, Imad fréquentait la Faculté d’Ingénieur mécanique à l'Université de Sidi Bouzid, la ville martyre de Mohamed Bouaziz, le jeune vendeur ambulant qui s’est immolé par le feu le 17 décembre dernier et qui a lancé les émeutes qui ont conduit à la chute du régime de Ben Ali. “Regardez les oiseaux - dit-il – ils voyagent sans passeports. Regarde la lumière du soleil, personne ne peut l'arrêter. Nous, les Tunisiens, nous sommes comme la lumière du soleil, nous sommes comme des oiseaux dans le vent, il n'y a pas de frontières ni de police qui nous arrêtera. C’est Chebbi, le poète, qui nous le dit : vous êtes nés libres, vous allez où vous voulez.”
Alors qu’Imad discute, Monsieur Brahim le tient par son bras et le regarde affectueusement. Ils représentent deux générations l’une à côté de l’autre. Brahim a 45 ans et pourrait être son père. Ils sont arrivés à Lampedusa sur le même bateau, avec 30 autres passagers, tous des voisins du seul quartier de Bir Ali Ben Khalifa, un village de 5.000 habitants dans la province de Sfax. “Ces enfants-là n'ont plus peur - dit-il fier et franc Monsieur Brahim -. Ils n’ont connu que la dictature avec Ben Ali: tu priais et tu allais en prison, tu buvais et tu allais aussi en prison. Mais ils se sont rebellés et maintenant ils veulent leur liberté. Nous, nous avons désormais vieilli dans la dictature, mais pas ces jeunes -là! Eux, ainsi que mes trois enfants, ils doivent vivre dans la liberté aujourd'hui. ”
Liberté. Brahim, connu dans son entourage comme le gangster, c’est ce qu’il a écrit en arabe, en anglais et en français, sur un panneau, durant la manifestation de dimanche dernier devant la gare de Vintimille: “Freedom, Hurriya, Liberté”. Et sur le fond, il a dessiné la mer et un bateau, “felouque”, comme on dit en arabe. Ou “Babour”, qui viens du mot “vaporetto”, et que lorsque je le prononce, Hamza et Aymen se mettent à chanter le refrain de “Partir Loin”, la chanson des harragas, “Yal babour ya mon amour, kherrijni min la misère”, “bateau, mon amour emmene-moi loin de la misère”. Ils l’ont chanté pendant des années. Et maintenant leur rêve est réalité. Pour se réveiller et découvrir que cela n’est pas le paradis, il y a encore le temps. Pour l’instant, c’est le bonheur d’y être parvenu qui l’emporte. La France est là, devant eux et c’est l’essentiel.
Nizar ne peut qu'être d'accord. Puisque c’est une frontière qui l'éloigne de son père depuis sa naissance, en 1986. Depuis 25 ans, il est habitué à le voir un mois par an, l’été, quand il prend ses congés en France. Et maintenant il est venu lui rendre visite. Il ne lui a rien dit à propos du voyage en bateau, jusqu'à ce qu'il arrive en Italie. De toute façon son père lui aurait empêché de peur qu'il puisse mourir en mer. Ce jour-là, il est allé à la poste et il a fait un retrait sur son compte d'épargne. La moitié de ses amis sont partis de sa ville natale, Kef,. Tous dans le même bateau. Il y a Abderrahim, son cousin, étudiant à l'université en économie et milieu de terrain de l'équipe de football de Janduba. Il y a Naim et Ayman, qui ont fermé le garage où ils travaillaient comme mécaniciens pour partir. Et puis il y a l’épicier du quartier, Issam.
Je prends le train de 10:47 pour Nice avec eux: Nizar, Abderrahim et Issam. À la première station, après la frontière française, à Menton, trois policiers de la gendarmerie montent à bord. Ils vérifient les documents à tous ceux qui ont une tête d’arabe. Mais finalement, il n'y a pas de problèmes. De toute évidence, l'ordre est de laisser passer ceux qui ont un permis de séjour italien. Autant dire qu'au-delà des déclarations au vitriol entre l'Italie et la France, en fait, la frontière est ouverte. Notre voyage se poursuit jusqu’à Nice. De là, Nizar et Abderrahim continuent jusqu’à Lyon. Pour Issam par contre la route est encore longue. Son frère l’attend à Paris. Maintenant c'est fait, le pire est passé. Ainsi ce sera aussi pour Burhan.
Il est arrivé aujourd'hui à Vintimille de Naples avec un diplôme en économie et les yeux rouges de sommeil. Mais ce n'est pas juste un épuisement physique. «J’ai la tête lourde - dit-il - depuis mon arrivée, je ne me sens pas très bien. Si j'avais su que ce serait ainsi, je ne serais pas parti.» C’est pour cette raison qu’il a conseillé à son frère de ne pas bouger de Tunis. Mais sa femme lui dit de ne pas s'inquiéter. Elle est restée seule à la maison, à Zaghouan, avec leur fille d'un an et demi. Son père est cependant au-delà de la frontière, à Nîmes. Il est en France depuis vingt ans. Maintenant c’est un homme de 60 ans qui, après une vie passée à travailler dans les campagnes françaises, mérite du repos. Burhan au contraire se fait du soucis. Il se sent responsable pour lui et pour sa famille. Lui aussi, comme les autres, croit à la révolution, mais n'a pas le temps d'attendre les résultats de ce changement. C’est pour cette raison qu’il y a sept mois il est parti travailler en Libye. Mais avec la guerre, Tripoli est devenue un enfer. Le voici donc, encore une fois en train de chercher sa place dans le monde. Lui, au lieu que Chebbi, préfère citer Hamlet: être ou ne pas être.
La maturité de Burhan, l'insouciance de Milud, la sensibilité de Imad, l'esprit paternel de M. Brahimi et l'euphorie des enfants de Kef - Nizar, Abderrahim, Naim, Aymen, Hamza, l'autre Aymen e Issam – dans le fond, c’est bien ce qu’ils ont en commun. L’Hamlet. Être ou ne pas être. Être sur la route pour être, pour devenir. Pour choisir ce que l’on va devenir, pour changer son destin. Et c'est ce qu’on appelle la modernité. Après tout, Pic de la Mirandole l’écrivait déjà au XV siècle. Dans son «Discours sur la dignité de l'homme» il réinventait, dans un cadre humaniste, la création et laissait que son dieu dise à Adam: « Je ne t'ai fait ni céleste ni terrestre, ni mortel ni immortel, parce que créateur presque libre et souverain de toi même, tu puisse te former et te sculpter dans la forme que tu choisirais. » Voilà la modernité. C'est la volonté d'être autre que soi, hors de soi, de modeler comme un sculpteur sa vie et son identité. Donc, Burhan, Miloud et les autres sont la définition de la modernité. Ceux qui choisissent de changer leur sort, leur destin. Par un geste rebelle et révolutionnaire. Brûlant une frontière, harraga, comme l’on dit en arabe.
En 2011, la mobilité est un élément essentiel de la dimension de la modernité. Surtout pour nous les jeunes. A tel point qu’en Europe on investit des millions d’euros dans les programmes Erasmus parce que nous voulons que nos étudiants voyagent le plus possible et s’habituent à devenir des citoyens du monde. Les mêmes valeurs circulent aussi de l'autre côté de cette mer. Et peut-être encore avec d’avantage de force. Puisque - comme en témoignent leurs histoires - chaque famille a quelqu’un en Europe, et donc un lien.
Reconnaître la liberté de circulation revient à reconnaître tout ceci. Qu'il n’est pas nécessaire d’être de la pure main-d’oeuvre ou un réfugié pour se déplacer d'un bout à l’autre du monde. Il suffit d’être des enfants de notre temps pour ressentir le besoin de partir pour devenir autre chose. Reconnaître que, dans le fond, malgré les différences, nous nous ressemblons tous beaucoup, c'est aussi reconnaître qu'il n’y a pas des peuples civilisés et des peuples barbares.
Nous habitons tous la même modernité. Et il est profondément injuste que nos jeunes de la rive Sud aillent mourir en mer pour aller voir leurs familles à Paris. Pendant que, à l'aéroport de Tunis, nous nous impatientons avec nos passeports rouges à la main pour les cinq minutes que nous perdons en faisant la queue pour le contrôle de police.
traduit par Veronic Algeri
Parfois on ne trouve pas facilement les mots pour décrire ce sentiment de liberté. C’est alors qu’Imad Belhadj emprunte ceux du poète le plus aimé en Tunisie: Abu-l-Qasim Chebbi. Sa « Chanson à la vie», de 1933, je l'avais déjà entendue souvent chanter sur les places de la révolution à Tunis et au Caire. Dans ce long poème Imad trouve les mots pour expliquer le bonheur qui illumine ses yeux sous le soleil de cette belle journée à Vintimille. Malgré la totale incertitude de son avenir, Imad se sent libre. Libre “comme un oiseau dans le vent”, libre “comme la lumière du matin dans le ciel. ” Sur ses lèvres, ses mots sont encore plus puissants. Car avant de partir, Imad fréquentait la Faculté d’Ingénieur mécanique à l'Université de Sidi Bouzid, la ville martyre de Mohamed Bouaziz, le jeune vendeur ambulant qui s’est immolé par le feu le 17 décembre dernier et qui a lancé les émeutes qui ont conduit à la chute du régime de Ben Ali. “Regardez les oiseaux - dit-il – ils voyagent sans passeports. Regarde la lumière du soleil, personne ne peut l'arrêter. Nous, les Tunisiens, nous sommes comme la lumière du soleil, nous sommes comme des oiseaux dans le vent, il n'y a pas de frontières ni de police qui nous arrêtera. C’est Chebbi, le poète, qui nous le dit : vous êtes nés libres, vous allez où vous voulez.”
Alors qu’Imad discute, Monsieur Brahim le tient par son bras et le regarde affectueusement. Ils représentent deux générations l’une à côté de l’autre. Brahim a 45 ans et pourrait être son père. Ils sont arrivés à Lampedusa sur le même bateau, avec 30 autres passagers, tous des voisins du seul quartier de Bir Ali Ben Khalifa, un village de 5.000 habitants dans la province de Sfax. “Ces enfants-là n'ont plus peur - dit-il fier et franc Monsieur Brahim -. Ils n’ont connu que la dictature avec Ben Ali: tu priais et tu allais en prison, tu buvais et tu allais aussi en prison. Mais ils se sont rebellés et maintenant ils veulent leur liberté. Nous, nous avons désormais vieilli dans la dictature, mais pas ces jeunes -là! Eux, ainsi que mes trois enfants, ils doivent vivre dans la liberté aujourd'hui. ”
Liberté. Brahim, connu dans son entourage comme le gangster, c’est ce qu’il a écrit en arabe, en anglais et en français, sur un panneau, durant la manifestation de dimanche dernier devant la gare de Vintimille: “Freedom, Hurriya, Liberté”. Et sur le fond, il a dessiné la mer et un bateau, “felouque”, comme on dit en arabe. Ou “Babour”, qui viens du mot “vaporetto”, et que lorsque je le prononce, Hamza et Aymen se mettent à chanter le refrain de “Partir Loin”, la chanson des harragas, “Yal babour ya mon amour, kherrijni min la misère”, “bateau, mon amour emmene-moi loin de la misère”. Ils l’ont chanté pendant des années. Et maintenant leur rêve est réalité. Pour se réveiller et découvrir que cela n’est pas le paradis, il y a encore le temps. Pour l’instant, c’est le bonheur d’y être parvenu qui l’emporte. La France est là, devant eux et c’est l’essentiel.
Nizar ne peut qu'être d'accord. Puisque c’est une frontière qui l'éloigne de son père depuis sa naissance, en 1986. Depuis 25 ans, il est habitué à le voir un mois par an, l’été, quand il prend ses congés en France. Et maintenant il est venu lui rendre visite. Il ne lui a rien dit à propos du voyage en bateau, jusqu'à ce qu'il arrive en Italie. De toute façon son père lui aurait empêché de peur qu'il puisse mourir en mer. Ce jour-là, il est allé à la poste et il a fait un retrait sur son compte d'épargne. La moitié de ses amis sont partis de sa ville natale, Kef,. Tous dans le même bateau. Il y a Abderrahim, son cousin, étudiant à l'université en économie et milieu de terrain de l'équipe de football de Janduba. Il y a Naim et Ayman, qui ont fermé le garage où ils travaillaient comme mécaniciens pour partir. Et puis il y a l’épicier du quartier, Issam.
Je prends le train de 10:47 pour Nice avec eux: Nizar, Abderrahim et Issam. À la première station, après la frontière française, à Menton, trois policiers de la gendarmerie montent à bord. Ils vérifient les documents à tous ceux qui ont une tête d’arabe. Mais finalement, il n'y a pas de problèmes. De toute évidence, l'ordre est de laisser passer ceux qui ont un permis de séjour italien. Autant dire qu'au-delà des déclarations au vitriol entre l'Italie et la France, en fait, la frontière est ouverte. Notre voyage se poursuit jusqu’à Nice. De là, Nizar et Abderrahim continuent jusqu’à Lyon. Pour Issam par contre la route est encore longue. Son frère l’attend à Paris. Maintenant c'est fait, le pire est passé. Ainsi ce sera aussi pour Burhan.
Il est arrivé aujourd'hui à Vintimille de Naples avec un diplôme en économie et les yeux rouges de sommeil. Mais ce n'est pas juste un épuisement physique. «J’ai la tête lourde - dit-il - depuis mon arrivée, je ne me sens pas très bien. Si j'avais su que ce serait ainsi, je ne serais pas parti.» C’est pour cette raison qu’il a conseillé à son frère de ne pas bouger de Tunis. Mais sa femme lui dit de ne pas s'inquiéter. Elle est restée seule à la maison, à Zaghouan, avec leur fille d'un an et demi. Son père est cependant au-delà de la frontière, à Nîmes. Il est en France depuis vingt ans. Maintenant c’est un homme de 60 ans qui, après une vie passée à travailler dans les campagnes françaises, mérite du repos. Burhan au contraire se fait du soucis. Il se sent responsable pour lui et pour sa famille. Lui aussi, comme les autres, croit à la révolution, mais n'a pas le temps d'attendre les résultats de ce changement. C’est pour cette raison qu’il y a sept mois il est parti travailler en Libye. Mais avec la guerre, Tripoli est devenue un enfer. Le voici donc, encore une fois en train de chercher sa place dans le monde. Lui, au lieu que Chebbi, préfère citer Hamlet: être ou ne pas être.
La maturité de Burhan, l'insouciance de Milud, la sensibilité de Imad, l'esprit paternel de M. Brahimi et l'euphorie des enfants de Kef - Nizar, Abderrahim, Naim, Aymen, Hamza, l'autre Aymen e Issam – dans le fond, c’est bien ce qu’ils ont en commun. L’Hamlet. Être ou ne pas être. Être sur la route pour être, pour devenir. Pour choisir ce que l’on va devenir, pour changer son destin. Et c'est ce qu’on appelle la modernité. Après tout, Pic de la Mirandole l’écrivait déjà au XV siècle. Dans son «Discours sur la dignité de l'homme» il réinventait, dans un cadre humaniste, la création et laissait que son dieu dise à Adam: « Je ne t'ai fait ni céleste ni terrestre, ni mortel ni immortel, parce que créateur presque libre et souverain de toi même, tu puisse te former et te sculpter dans la forme que tu choisirais. » Voilà la modernité. C'est la volonté d'être autre que soi, hors de soi, de modeler comme un sculpteur sa vie et son identité. Donc, Burhan, Miloud et les autres sont la définition de la modernité. Ceux qui choisissent de changer leur sort, leur destin. Par un geste rebelle et révolutionnaire. Brûlant une frontière, harraga, comme l’on dit en arabe.
En 2011, la mobilité est un élément essentiel de la dimension de la modernité. Surtout pour nous les jeunes. A tel point qu’en Europe on investit des millions d’euros dans les programmes Erasmus parce que nous voulons que nos étudiants voyagent le plus possible et s’habituent à devenir des citoyens du monde. Les mêmes valeurs circulent aussi de l'autre côté de cette mer. Et peut-être encore avec d’avantage de force. Puisque - comme en témoignent leurs histoires - chaque famille a quelqu’un en Europe, et donc un lien.
Reconnaître la liberté de circulation revient à reconnaître tout ceci. Qu'il n’est pas nécessaire d’être de la pure main-d’oeuvre ou un réfugié pour se déplacer d'un bout à l’autre du monde. Il suffit d’être des enfants de notre temps pour ressentir le besoin de partir pour devenir autre chose. Reconnaître que, dans le fond, malgré les différences, nous nous ressemblons tous beaucoup, c'est aussi reconnaître qu'il n’y a pas des peuples civilisés et des peuples barbares.
Nous habitons tous la même modernité. Et il est profondément injuste que nos jeunes de la rive Sud aillent mourir en mer pour aller voir leurs familles à Paris. Pendant que, à l'aéroport de Tunis, nous nous impatientons avec nos passeports rouges à la main pour les cinq minutes que nous perdons en faisant la queue pour le contrôle de police.
traduit par Veronic Algeri