AFP | 08.07.2010 | 13:36
TRIPOLI, 8 juil 2010 | La Libye a annoncé jeudi qu'elle allait régulariser la situation d'environ 400 "immigrés" érythréens, sur fond de critiques d'ONG de défense des droits de l'Homme sur la situation des migrants et des demandeurs d'asile dans ce pays.
"Les autorités compétentes ont commencé à prendre des mesures pour accueillir et intégrer les immigrés érythréens afin qu'ils ne soient pas exploités et mis en danger par les bandes de trafic d'immigrés", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
Tripoli s'engage par ailleurs à leur "assurer une vie décente ainsi que l'accès à l'emploi en fonction de leurs capacités professionnelles".
"L'ambassade d'Érythrée en Libye va délivrer des pièces d'identité aux personnes concernées afin de permettre à ceux qui le souhaitent de s'installer en Libye", a ajouté le ministère sans autre détail.
Selon cette source, 400 immigrés érythréens ont été recensés dans les centres de rétention en Libye.
Le chef de la mission de l'Organisation internationale des migrations (OIM), Laurence Hart, a confirmé qu'une solution avait été trouvée auprès des autorités libyennes pour intégrer les immigrés érythréens dans des travaux d'intérêt social, comme ce fut le cas pour les Somaliens.
Transférés en début de mois du centre de rétention de Mustratha (est) à celui de Sabha (sud), "ces immigrés avaient peur d'être rapatriés" dans leur pays, a ajouté M. Hart à l'AFP, précisant que son organisation n'était pas en mesure de déterminer le nombre d'Erythréens se trouvant en Libye.
Selon un communiqué d'Amnesty International publié début juillet sur son site, plus de 200 Erythréens "auraient été frappés et transférés de force" vers Sabha, "où les conditions de vie sont beaucoup plus éprouvantes".
Après la tentative de fuite de 15 migrants, "des soldats et policiers sont entrés dans les cellules et ont commencé à frapper les détenus à coups de bâton et de fouet" avant de les transférer à Sabha, a indiqué Amnesty, précisant qu'au moins 14 personnes auraient été grièvement blessées.
La Libye avait décidé début juin de fermer le bureau du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), dont les activités sont considérées "illégales" par les autorités de Tripoli.
Ce bureau a accordé le statut de réfugié à 8.951 personnes et a enregistré 3.689 autres en tant que demandeurs d'asile. Pour la Libye, il s'agit "d'immigrés (...) qui ne peuvent être considérés en aucun cas comme des réfugiés ou des demandeurs d'asile".
Avec ses 1.770 km de frontières maritimes, la Libye qui partage plus de 4.000 km de frontières avec ses six voisins africains, est un pays de destination et de transit d'immigrés originaires notamment de l'est et du sud de l'Afrique, vers Malte ou Lampedusa (Italie).