Une fosse commune. Le massacre du Canal de Sicile continue. Les arrivées à Lampedusa se sont réduit de moitié, alors que Malte a accueilli 900 migrants seulement en Mai et Juin, en hausse comparé aux 1.780 en 2006. Mais la liste des morts continue s’allonger. Déjà 249 personnes sont mortes sur les routes libyennes depuis le début de 2007, contre les 302 de 2006. Dans la mer entre Malte, la Sicile et la Libye, gisent les cadavres de 1.316 des 2.178 migrants noyés ici depuis 1994, selon le rapport Fortress Europe. Les vagues continuent à restituer les corps de naufrages fantômes. Vingt et un corps avaient déjà été retrouvés en mer par le bateau de la Marine française «La Motte Picquet», le 31 Mai, et le 17 Juin autres 14 cadavres ont été repêchés 60 milles à sud de Lampedusa. Quatre corps ont été récupérés au large de Malte le 21 Juin. Et 2 encore ont été trouvé à Dingli et Mgarr le 26. Même à Zarzis, en Tunisie, les pêcheurs ont recuperé les restes des deux dernières victimes de la traversée. Et puis il y a aussi les disparus. Au moins 92 le dernier mois, y compris les 20 noyés le 5 Juin au large des côtes algériennes, près de la frontière tunisienne, sur la route vers la Sardaigne. En suite à ces drames, l’Union européenne, et la presse, ont fortement accusé Malte.
Capitaine courage. Un groupe de 20 naufragés doivent probablement leur vie à un pêcheur maltais qui a défié les ordres des autorités maltaises à risque d’être arrêté. Le matin du 29 juin, 20 migrants ont fini sur un cage à thons après que leur bateau avait chaviré. Une femme était morte et au moins 7 personnes disparues. Les 20 ont été pris à bord du Eyborg, par son capitaine Raymond Bugeja. Malte lui avait ordonné de les transporter en Libye. Il a refusé. «Sont-ils fous? La Libye ce n'est pas la place pour leur acceuillir. Ils veulent donner à ces pauvres personnes une mort lente» il a dit. Le naufragés venaient de l’Ethiopie, de l’Erythrée, du Soudan et de la Nigeria. Finalement Malte a accueilli les migrants et Bugeja n’a pas été arrêté.
Capitaine honte. Au contraire, deux semaines avant, le 11 Juin, le capitaine d'un navire de cargaison iranien avait refusé de sauver 25 migrants de la mer orageuse, 47 milles au large des côtes libyennes. L'alarme avait été donné par une appelle par satellite d’un des passagers. Malte avait informé la Libye, mais Tripoli avait refusé d’envoyer les secours, à cause des mauvaises conditions de la mer. Le cargo iranien était la dernier chance pour eux. Il se trouvait à 26 milles de distance. Mais son capitaine a refusé d'aller à l'aide des naufragés, craignant – le capitaine a dit - qu’ils pouvaient être armés. Quand, deux jours après, la Libye a envoyé un avion de reconnaissance, c’était déjà trop tard.
Bugeja a raison. La Libye n'est pas la place où ramener des migrants. Si l'Eyborg le faisait, les 20 naufragés auraient fait la fin des 25 sauvés le 15 Juin en eaux libyennes par le bateau de pêche espagnol «Nuestra Madre». Une fois apporté à Tripoli, leurs noms se sont ajoutés à la liste des 2.137 migrants arrêtés par la police libyenne seulement en Mai. Depuis Septembre 2006, au moins 12.000 étrangers ont été arrêtés en Libye, selon des données officielles. Détenus pendant des mois, des hommes comme des femmes et même des enfants, sans aucune distinction pour les réfugiés Unhcr. En Mai, Fortress Europe avait documenté la détention, depuis six mois, de 400 Erythréens, Éthiopiens et Somaliens, dans la prison de Misratah, dont 50 femmes, 7 enfants et 3 réfugiés. Un mois après, leur destin n'est pas connu. Normalement ils devraient avoir été transférés au centre de détention de Kufrah, comme documente le récent livre «Mamadou va a morire » - Gabriele Del Grande, Infinito edizioni -, près de la frontière soudanaise. Le centre de Kufrah, financé par l'Italie, est connu pour les tortures et les abus pratiqués contre les centaines de migrants ici détenus. Il a été dénoncé par Human Rights Watch, par Afvic et par « Mamadou va a morire ». C’est de Kufrah que les camions chargés de déportés partent vers le Sahara, où les refoulés sont abandonné au milieu du désert à la frontière avec le Soudan.
Nautilus II a démarré. Il a commencé le 25 juin au large de Malte. Malte, l'Italie, la Grèce, l'Espagne, la France et l'Allemagne participent aux patrouilles qui vont durer au moins 5 semaines. «Personne ne sera rejeté en Libye» assure Frontex de Varsovie. Techniquement ils ne peuvent pas le faire parce que la Libye ne participe pas aux opérations et donc les patrouilles n'opèrent pas dans les eaux libyennes. Le droit maritime international n'interdit à personne de naviguer dans les eaux internationales. Mais au même temps, en cas de bateaux en difficulté, le droit maritime international demandent au port le plus proche de les accueillir. En conclusion, les bateaux interceptées dans les eaux de «recherche et de secours» (search and rescue) de compétence libyenne, pourront être amenés à Tripoli, comme dans le cas de Bugeja. Et si à bord il y a des demandeur d’asile politique, ça n’importe pas grande chose. Puisqu'à la frontière, la seule solidarité européenne qu’on connaît est celle invoquée par le vice-président Franco Frattini quand il demande plus d’hélicoptères et de navires, en souhaitant des patrouilles permanentes, comme il semble annoncer le renouvellement des opération de Frontex dans l'Océan atlantique jusqu’au 2008, malgré le baisse de 62% des arrivées aux îles Canaries. C'est la guerre contre l’immigration clandestine. Et la chronique quotidienne le confirme.
Bulletin de guerre. En Espagne un homme est mort sur son vol de rapatriement. Osamuyia Aikpitanhi, nigérien, né en 1984. Il est mort suffoqué sur le vol Madrid-Lagos du 9 Juin. C'était le troisième tentative d'embarquement, à cause de sa violente résistance. Finalement les policiers ont perdu la patience. Ils lui ont mis un chiffon dans la bouche et ils l’ont bondé avec plusieurs tours de ruban adhésif. Quelques minutes après, le chiffon l'a suffoqué.
En Mauritanie elles sont encore détenues, depuis 4 mois, 23 passagers du «Marine I», le bateau intercepté le 12 février 2007 dans les eaux mauritaniennes, avec 370 personnes asiatiques à bord, se dirigeants aux îles Canaries. Ils refusent de s'identifier. Un rapport de Cear dénonce leur «état préoccupant de dépression».
Au Maroc les arrestations et les déportations continuent. Les derniers 28 algériens récemment arrêtés à la frontière de Ceuta avec des faux passeports et rapatriés, ont parlés des femmes et des enfants subsahariens détenus à Tétouan. Et au Sahara occidental, au moins 62 migrants subsahariens ont été arrêtés sur les routes vers les Canaries et puis expulsés à la frontière algérienne, à Oujda.
En Turquie il ne va pas mieux. Depuis le début de 2007, au moins 1.800 migrants ont été arrêtés le long des côtes égéennes. C’est là où on part vers les îles grecques. C’est là où 67 migrants sont déjà noyé cette année, les 2 derniers à Samos, le 11 Juin. Autres 910 migrants ont été arrêtés entre Mai et Juin au cours de l'opération de Frontex, Poseidon, menée à la frontière entre la Grèce, la Bulgarie et la Turquie, et entre la Grèce et l'Albanie. La majorité d’entre eux venaient de l’Afghanistan, de la Somalie et de l’Irak, c’est à dire des pays en guerre. L'année dernière, la Grèce a expulsé 80.000 personnes. Particulièrement préoccupantes sont les conditions des centres de détention de migrants en Grèce. Souvent ils sont de vieux entrepôts, surchargés et malsains, comme ceux des îles de Mitilini, Hios, Samos, Kos, Rhodos, Evia et ce de Volos. Autre fois ils sont simplement des commissariats de police dans les zones de frontière, mais même au centre d'Athènes, comme ces d'Alexandras, Exarchia, Omonia, Piraeus, récemment dénoncés par un vidéo paru sur Youtube, où deux policiers frappent deux garçons albanais. Dix autres centres sont situés dans la province d'Evros, le long de la frontière avec la Turquie (carte), où une nouvelle structure avec 1.000 est en construction. Peut-être ils avait passé quelques semaines dans ces centres, même les 4 Kurdes Irakiens trouvés en France, le 13 Juin, cachés dans la coque d'un off-shore transporté sur un camion se dirigeant un Angleterre. Le chaffeur a trouvé les quatre à Saint Michel de Maurienne, en Savoie, just après la frontière italienne. Mais c'était trop tard. Un d'eux était déjà mort, suffoqué.