02 September 2007

Août 2007

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ROME - Le massacre continue. Au moins 243 migrants sont morts aux portes de l'Europe pendant le mois d'août; 9.756 les victimes depuis 1988. Depuis le début de l'année 959 personnes sont mortes, la majorité au large de Malte et Lampedusa. Dans le détroit de Sicile, durant le mois d’août, les victimes ont étés 161; 29 en mer égéen et 13 au large des îles Canaries. Trois hommes sont morts, deux en Turquie et un en Espagne, dans les camions où ils voyageaient cachés afin de franchir illégalement la frontière européenne. En Italie, un albanais âgé de 28 ans, est mort sur les montagne du Carso, en essayant de franchir à pied la frontière slovène. Mais la forteresse Europe fait des victimes même dans l'océan Indien, où, afin d'atteindre l'île française de Mayotte, 36 migrants se sont noyés le dernier mois. En même temps, à Agrigente, continue le procès contre les 7 pêcheurs tunisiens qui sauvèrent 44 migrants au large de Lampedusa. Et dans les ports italiens, dénonce Fortress Europe, des centaines d'Irakiens sont expulsés, alors que des nouveaux témoins dénoncent les abus de la police dans les aéroports français.

11 août 2007. le bateau de croisière espagnol Jules Verne secourt un bateau chaviré des migrants, 60 milles au large de Malte, 11 personnes portées disparues. 15 août 2007. L'avion italien de patrouille Atlantic, aperçu 14 cadavres flottants en mer, 55 milles à sud de Lampedusa. 23 août 2007. Le bateau de pêche italien Ofelia, sauve un homme en mer, 70 milles au large de Lampedusa, le seul survivant de 45 migrants naufragés. 30 août 2007. Une embarcation de migrants chavire, 72 milles au large de Malte, tandis qu’un navire grec les secourait: 25 noyés. Chronique quotidienne d'une guerre jamais déclaré. Au moins 2.420 personnes sont mortes dans le détroit de Sicile dans les dernières dix années. Celle du 2007 se confirme la pire des années: 491 victimes jusqu'aujourd’hui, contre les 302 de tout 2006. Et pourtant les arrivées le long des côtes siciliennes sont diminué du 30%. En fait, la navigation sur de bateaux toujours plus petits, l’absence d'un capitaine à la guide, les itinéraires qui se font toujours plus longs, et la solidarité des pêcheurs qui est en train de disparaître, rend la traversée de plus en plus dangereuse.

En 2005 un bateau de migrants a transporté en Sicile une moyenne de 100 passagers. Aujourd'hui il sont 40. Les migrants confirment que les réseaux qui organisent les traversées n’envoient plus de guide à bord des bateaux. À la barre s’assoient les passagers, à tour. Les organisateurs économisent et les migrants sont arrêtés à leur place, comme les trois Erythréens arrêtés le passé 2 août. Enfin, les itinéraires sont en train de changer. Ils sont plus longs et ils passent plus à l'est, comme semble confirmer l'augmentation des arrivées à Malte et sur les côtes orientales siciliennes. La raison c’est d'éviter les Garde-côtes tunisiens, habitués à arrêter le migrants et à les ramener en Libye. Dans un procès à Agrigente, le commandant du navire Vega de la Marine italienne, Francesco Saladino, a déclaré que le 8 août des militaires tunisiens prenaient à bord, 34 milles au large de Lampedusa, un group de migrants à la dérive et les ramenaient vers la Tunisie, en violation des conventions maritimes internationales et de la convention de Genève pour les réfugiés. En fait on sait bien que parmi les migrants voyageant vers la Sicile, il y a des réfugiés. Leur déportation dans des pays où ils risquent d'être arrêtées et torturés est interdite, mais les renvois collectives sont l'objectif des politiques italiennes et européennes pour contraster la migration illégale via mer. Même le dernier mois, le gouvernement tunisien à expulsé en Libye un groupe de ressortissants Somaliens, de Soudanais et d'Erythréens sauvés en eaux internationales. L'Italie semble déjà collaborer avec la Tunisie en cette direction.

Sept pêcheurs tunisiens. Ils ont sauvé la vie de 44 migrants naufragés, le 8 août. Ils risquent maintenant jusqu'à 15 ans de détention, si condamnés coupables de favorisation de l’immigration illégale. L’après midi du 8 août, le capitaine Janzeri avait envoyé immédiatement un Sos au Centre maritime tunisien de coordination des secours, qui l’avait tourné à Rome, disant que deux bateaux de pêche tunisiens avaient sauvé 44 naufragés, dont un nécessitait d’assistance médicale. Rome alors avait envoyé 4 navires de patrouille, trois des quelles escortaient les deux bateaux jusqu’à l'île de Lampedusa, qui en ce moment se trouvait à 14 milles. Mais à leur arrivée les sept pêcheurs étaient arrêtés et accusés comme passeurs. En fait les pêcheurs ont respecté les conventions maritimes internationales Sar et Solas, qui imposent de sauver tous le naufragés et de les accompagner dans le port plus sûr. Si condamnés, ils risquent d'un à 15 ans de prison. Les avocats de la défense sont prêts à présenter recours jusqu'à la Cour européenne. Un réseau international d'associations a manifesté à Agrigente le 7 septembre pour demander leur liberté, soutenue par une liste de 103 parlementaires européens. Mais en attendant les sept restent en prison et le procès va durer encore un mois au moins. En mer, des la Sicile à la Tunisie, tous le pêcheur ont su ce qui est passé. Les migrants ont souvent parlé de l'indifférence des pêcheurs et des navires de cargaison devant leurs bateaux semi-coulés. Et maintenant, même si les Tunisiens seront acquittés, qui va risquer des années de prison et la saisie de son bateau? C'est un grand problème ça, car sans la solidarité des pêcheurs le détroit fera toujours plus de victimes.

Le droit maritime impose le secours des naufragés, mais la loi italienne de l'immigration fait détenir les sauveteurs. Quel grandes contradictions entre les conventions internationales et les lois nationales! Rappelons nous que l'article 13 de la déclaration universelle des droits de l'homme indiquent que chacun a le droit de partir de n'importe quel pays. L'agence de l’Union européenne Frontex, a le but de nier ce droit-ci, en empêchant les départs depuis le pays méditerranéens. Sa dernière mission de patrouille dans le détroit de la Sicile, Nautilus II, est fini le 27 juillet, après un mois d'activité. Mais le 10 septembre n’en commencera une nouvelle. Amato et Hortefeux, espèrent que Tripoli adhérera aux opérations, acceptant le renvoi en Libye des migrants interceptés en mer. Peut-être Malte a déjà proposés ça aux gouvernement libyen, au cours de leur rencontre bilatéral qui a eu lieu à Tripoli les 21 et 22 août.

Et en Libye, 600 ressortissants Erythréens continuent à être détenus à Misratah. Témoins rassemblés parmi les Erythréens qui viennent d’arriver en Sicile et confirmé par le Haut commissariat des réfugiés (Unhcr), parlent de nouvelles rafles et arrestations. 450 des prisonniers sont détenus depuis plus d'une années. Parmi eux il y a environ 100 femmes et plus de 50 enfants, y compris le 2 bébé qui accouchés en prison. Eux tous risquent d’être rapatriés et arrêtés une fois débarqués en Erythrée, étant presque tous de déserteurs de l’armée d'un pays en guerre avec l'Ethiopie. L’Unhcr a donné l'asile politique à 49 des femmes détenues, et demande à la communauté internationale de les accueillir. Quatre pays auraient répondu positivement, compris l'Italie. Mais personne connaît le destin des autres 550 Erythréen, dont 114 sont officiellement des réfugiés Unhcr, qui lui a donné ce statut dans les camps de réfugiés au Soudan et en Ethiopie. L’Europe, l’Afrique, l’Onu, ils s’en foutent. Paradoxalement, leur seule espoir serait une déportation dans le désert, le long de la frontière avec le Soudan, où ils pourraient essayer encore le chemin vers l'Europe. Cette voie, le désert, les prisons libyennes et le détroit de Sicile, continuent à être le seul chemin depuis le Corn d'Afrique pour aller demander l'asile politique en Europe.

Dans les premiers 8 mois du 2007, au moins 1.225 Algériens ont débarqués en Sardaigne, dont 612 en août. La Marine algérienne a envoyé la corvette « Chiheb 352 » afin de patrouiller les côtes d'Annaba, d’où les harrag partent vers l'Italie et où les autorités ont déjà retrouvé 42 corps cette année. Mais l'Algérie est également le chemin principal vers le Maroc, pour tous les Africains occidentaux se dirigeant en Espagne. 8.000 migrants de 48 nationalités ont été arrêtés durant le premier semestre 2007 et 638 ont été arrêtés en juillet. Ils avaient étés 13.000 en 2006. Une grande partie d’eux ont été expulsés aux sud, abandonnés dans le désert du Sahara, le long des frontières avec le Niger et le Mali. Aujourd'hui un millier de personnes vivent en conditions inhumaines et dégradantes, près de l'oasis malienne de Tinzaouatine, où ils arrivent après quelque jours de marche à pied, depuis le poste frontalière de Bordj Mokhtar. Bloqués pendant des mois sans n'importe quel genre d'aide, ils vivent à l'intérieur des rochers, dans un état particulièrement préoccupant pour les femmes et les enfants. Mais l'Europe tourne les yeux et au contraire paye à cette Algérie 10 millions d'euro pour le service rendu(programme Meda II).

Les routes égéennes de la Turquie vers la Grèce sont devenues vraiment dangereuses. Les victimes n'ont jamais été tantes quant cette année: 96 migrants sont morts durant les premiers 8 mois de 2007; ils avaient étés 73 en tout 2006. Et les autorités grecques ont arrêté 3.000 migrants en mer depuis le début de l'année. Mais une fois débarqué, personne ne veut rester en Grèce, un pays qui a été récemment dénoncé par un rapport de l’Ue pour les abus contre les migrants et les réfugiés commis par la police. Et même la Grèce ne semble pas vouloir qu’ils restent, si seulement 0,3% des demande d'asile sont acceptés. Les destinations finales pour les réfugiés Irakiens et Afghans sont la Suède et le Royaume-Uni. Mais avant ils doivent traverser la mer de Schengen. L'Italie est une étape nécessaire et tout à fait simple.

Pendant le mois d'août, les autorités italiennes ont retournés en Grèce 362 migrants trouvés cachés sur les bacs de touristes qui partent chaque jour depuis Patras et Igoumenitsa. Parmi eux, 200 étaient Irakiens et environ 30 Afghans. Les ports intéressés sont ceux de Bari (190 personnes retournées), Brindisi (17), Ancona (153) et Venezia (2). De cette façon, chaque année Italie renvoie des milliers de migrants envers la Grèce, et comme ça nie à des centaines d'Irakiens et d’Afghans la possibilité de présenter leur demande d’asile. En fait il n'y a aucune disposition écrite d'expulsion. Les migrants trouvé illégalement sur les bacs sont tenus à bord jusqu'à ce que le bateau parte de nouveau pour la Grèce, où normalement ils seront détenus pendant trois mois. L'ong Cir, la seul autorisée à travailler dans les frontière des ports, n’a aucun accès à ces personnes. Le 9 avril 2007, 183 migrants étaient retournés en Grèce dans une seule journée, dont 150 étaient des Irakiens.

Et une fois en Grèce qu’est-ce que ça passe? Nous vous rappelons seulement qu'en Grèce il n'y a pas un seul réfugié Irakien. La Grèce a signé un accord de réadmission avec la Turquie en 2001, et a retournés des ressortissants irakiens, comme récemment dénoncé par l'Organisation mondial contre la torture. Et la Turquie a rapatrié en juillet 135 Irakiens, selon l’Unhcr. Plus de 2 millions d'Irakien vivent dans les camps de réfugiés syriens et jordaniens, et seulement le 4% d'entre eux ont trouvé refuge dans l’Ue. Le Parlement européen, le 15 février 2007, a approuvé une résolution concernant l'Irak qui demandent aux Etats Membres de donner l'asile aux réfugiés Irakiens, interdisent leur rapatriement, et conseillent de ne pas procéder aux transferts de Dublin si le pays intéressé n'examine pas correctement les demandes d'asile des Irakiens. Ainsi l'Italie et la Grèce violent clairement cette résolution.

Le 9 juin, en Espagne, un nigérien âgé de 23 ans est mort suffoqué par la police sur l'avion qui le devait rapatrier en Nigeria. En France, en 2002 et 2003, la police a tué deux migrants qui refusaient leur rapatriement dans l’aéroport de Paris-Roissy. Et 6 autres migrants ont étés tués en conditions pareilles en Allemagne, Belgique, Suisse et Autriche. Le dernier mois, un journaliste de Libération, Karl Laske, a rapporté l’histoire d'un algériens récemment rapatriés. Une histoire qui inquiet pour les abus qu’elle denounce. Abdelkader, âgé de 33 années, électricien, habitait en France sans papier depuis 2001. Il a été rapatrié le 8 août depuis le port de Marseille, après que la police n’avait pas réussi à l'embarquer sur un avion à Paris, le 3 août. Il dit : « A l'aéroport de Roissy, j'ai dit que je ne voulais pas partir. J'avais fait appel de la reconduite à la frontière. J’étais en droit d’attendre le résultat. Ils m'ont dit tu n'as pas le droit de refuser. Ils m'ont d'abord tapé dans le ventre parce que je restais debout. Comme j'ai crié, la femme policer m'a pris à la gorge. Un troisième policier est passé derrière moi et m'a fait tomber par terre. Une fois allongé, alors que j’avais les mains attachées dans le dos par des menottes, ils m'ont attaché les pieds. Pour que je ne bouge pas, la femme policier est montée sur mon ventre et ma poitrine, debout. J’étais affaibli par la grève de la faim. Elle m'a tapé avec toute sa force. Elle s'en foutait. Ils sont tous les trois montés sur moi. Ils m'ont coincé la tête contre le mur pour m’immobiliser. Ils m'ont tapé la tête contre le mur. J'avais une oreille bouchée à cause de ça. Puis ils m'ont étranglé pour que je ne crie pas. Mais vraiment étranglé... Je n'arrivais plus à respirer. J'ai perdu le souffle». Une histoire comme beaucoup d'autres. Il faut lire les rapports d'Anafé. Histoires qui sont les preuves d'une Europe qui a perdu le droit et l’humanité.

Le bulletin d'août termine avec deux nouveautés. Fortress Europe a ajouté à ses archives la documentation des victimes au large de Mayotte, l’île française dans l'Océan Indien, en Afrique. Possédé depuis les temps coloniaux, ça reste une porte périphérique afin d'entrer en Europe. Chaque année des centaines de migrants partent des îles Comores, en particulier d'Anjouan, qui se trouve à 80 milles de Mayotte. Ici, depuis 2006, au moins 97 personnes se sont noyées. L’autre nouveauté est que Fortress Europe vient de publier une version du site en roumain. Notre dénonce contre les massacres et les crimes commis aux frontières européennes atteint comme ça un nouveau et important canal, étant donné que la Roumanie est un des nouveaux gendarmes orientaux du Vieux continent.